par, André MURAWSKI, conseiller régional des Hauts-de-France
Le 24 novembre 2020, le conseil municipal de Leuilly-sous-Coucy a autorisé le maire de cette petite commune de l’Aisne à signer tout document autorisant la réalisation d’une étude d’impact en vue de l’implantation d’un parc éolien. Quand elle a été connue, cette décision a provoqué une grande émotion chez certains Leuillois, inquiets pour leur cadre de vie et leur santé, mais aussi chez de nombreux Coucissiens, hostiles à la dénaturation d’un site remarquable sur les plans naturel et patrimonial.

Distante de quelques kilomètres à peine de Leuilly-sous-Coucy, la commune de Coucy-le-Château-Auffrique présente la particularité d’abriter les vestiges de l’ancien château féodal des Sires de Coucy, chef-d’œuvre de l’art militaire médiéval.

Plus particulièrement, le donjon de Coucy, qui culminait à 53 mètres sur des murailles épaisses de 7 mètres 50 à la base, dépassait en hauteur tous les ouvrages existant au XIIIe siècle. Il connut un destin tragique. Ayant résisté à toutes les tentatives de démantèlement, notamment celles des ingénieurs de Mazarin en 1652, puis discrètement restauré par Viollet-le-Duc en 1856, il succomba finalement aux 28 tonnes d’explosifs déclenchées par les Allemands en repli au mois de mars 1917.

Laissé en l’état après le 1er conflit mondial pour témoigner de la « barbarie allemande », le château de Coucy ne présente pas moins un exemple unique de patrimoine qu’il importe de préserver. Plusieurs associations œuvrent à la restauration. Une milite toujours en faveur de la reconstruction du donjon. Il est vrai que du haut de la colline où il est bâti, le château s’insère naturellement dans un environnement préservé :champs, prairies, rivières, forêts, villages épars, c’est une imagede laterre charnelle que le visiteur contemple du haut des tours.
On comprend sans peine que le spectacle anachronique d’un parc éolien, mais aussi des lignes électriques qui lui sont nécessaires, ruinerait l’environnement de ce monument qu’un auteur a comparé à « la pyramide de Chéops de la France ». Car contrairement à une opinion couramment répandue, les énergies renouvelables ne sont nullement des énergies non polluantes.
A Coucy, aux pollutions sonores, électriques et vibratoires les éoliennes ajouteraient une pollution visuelle.
Sacrifiera-t-on le patrimoine au profit d’une technologie coûteuse, controversée et, finalement, peu productive ?