Par Michel LHOMME
Le Conseil d’analyse économique a montré que 70 % du surcroît d’épargne constaté en 2020 a été concentré sur les 20 % des ménages les plus aisés. Les 20 % les plus pauvres, eux, ont dû s’endetter. Fin octobre, plus de 2 millions de personnes touchaient le Revenu de solidarité active (RSA), soit 140.000 de plus depuis le début de la crise. L’explosion de la grande pauvreté sera l’un des grands problèmes auxquels la société française sera confrontée en 2021.
Ce que l’on peut dire de l’année 2021 qui vient c’est qu’il faut s’attendre aussi à une épidémie de faillite. L’année verra la fin des aides publiques, le réveil de l’Urssaf et le début du remboursement des prêts garantis par l’Etat (PGE). La bulle dans laquelle se trouvent les entreprises sous perfusion financière et administrative de l’Etat va éclater forcément cette année. Les entreprises qui étaient déjà au bord du gouffre vont disparaître. Le moment décisif surviendra au deuxième trimestre lors du paiement des impôts de production ainsi que les acomptes trimestriels d’autres taxes.
L’activité partielle entre dans les mœurs des entreprises. Elles se sont ruées sur cette aide au point que 8,4 millions de salariés ont vu leur salaire « nationalisé ». Coût de l’opération pour l’Etat : 25 Mds€. Depuis l’entrée en vigueur du dispositif, le 1er août, le ministère du Travail a recensé « plus de 7.000 accords d’entreprise, couvrant au total plus de 350.000 salariés », selon son dernier bilan disponible.
L’immobilier est un excellent baromètre de santé financière. Or, quand le chômage flambe, les ménages endettés vendent leur maison ou leur appartement provoquant un effondrement des prix. Et les banques, déjà affectées par des pertes abyssales d’entreprises en faillite ne tiendront pas le coup. Scénario catastrophe ? Pas vraiment. Les ménages modestes reporteront fatalement leurs projets d’acquisition et les prix piqueront du nez !
Autre nuage à l’horizon : la bulle des crédits à la consommation. Alors que 900 000 personnes pourraient perdre leur emploi, le volume des crédits à la consommation en défaut pourrait exploser. Après les avoir distribués à tout-va, les banques, véritables pousse-au-crime, devraient alors enregistrer en impayés pour près de 12 milliards d’euros (+ 40%) selon UFC-Que choisir !
Par ailleurs, 800 000 jeunes vont débarquer sur le marché du travail… où il n’y a pas de travail. Que faire ? demandait déjà Lénine. Une enveloppe de 6,5 Mds€ a déjà été débloquée. Pas sûr que cela soit suffisant d’autant que la crise sanitaire et économique a fait basculer un million de Français supplémentaires dans la pauvreté, selon plusieurs associations. Qu’ils soient étudiants, intérimaires ou artisans, ces « nouveaux pauvres » souffrent également de précarité énergétique. D’où la multiplication des impayés des factures de gaz et d’électricité, EDF se refusant toujours à nous transmettre les chiffres.
Or, il faut savoir que les trois quarts des impayés proviennent aujourd’hui de clients habituellement non précaires, c’est-à-dire ne touchant pas le chèque énergie. Ils n’étaient que la moitié auparavant. Et dans le lot on trouve désormais des TPE (très petite entreprises) et des PME. Et pour ne rien arranger, on parle déjà d’une augmentation des tarifs d’électricité rendu nécessaire à la fois par le démantèlement de l’entreprise et le choix du tout écologique, des énergies non renouvelables.
Signe de tout ce marasme économique dans lequel plonge le pays :un million d’annonces ont été mises en ligne sur eBay et Rakuten par des particuliers qui comptent revendre leurs cadeaux de Noël. Les sites spécialisés dans ce genre de négoce s’attendent à recevoir 7 millions d’annonces.
En tout cas, à sa manière le gouvernement anticipe puisqu’un projet de décret compte diminuer les indemnités de chômage partiel, à partir du 1er février 2021, pour les salariés français qui ne travaillent pas dans des entreprises fermées administrativement en raison de la crise sanitaire. Le taux passerait de 84% à 60%.
Dans une lettre diffusée aux médias, cinq propriétaires de 200 magasins de sports implantés dans les stations de ski françaises jugent qu’avec la fermeture des remontées mécaniques jusqu’en janvier au moins « leur saison, à peine commencée est d’ores et déjà terminée ». Les cinq cosignataires s’estiment impuissants face à « l’agonie » de la montagne, bien qu’ayant « tout mis en œuvre » pour ouvrir leurs commerces « dans le respect des protocoles sanitaires ».