camus a été assassiné

Par Giovanni CATELLI

Giovanni Catelli, chercheur et auteur de l’ouvrage La mort de Camus publié chez Balland s’était déjà exprimé au sujet de la mort d’Albert Camus, en défendant l’hypothèse que l’écrivain français aurait été assassiné par le KGB en 1960 pour l’empêcher d’écorner l’image de l’Union soviétique à une époque où le régime communiste était largement plébiscité par les milieux intellectuels hexagonaux alors que Camus contre vents et marées restait fidèle à sa ligne anti-autoritaire. Dans ce cadre, le témoignage de Jacques Vergès revêt une importance cruciale : Vergès était en effet convaincu que Camus avait été assassiné par le KGB. Mais comment pouvait-il en être si sûr ? Giovanni Catelli revient pour nous sur le parcours de Maître Vergès et sur les liens qu’il a conservés tout au long de sa vie avec des personnalités très haut placées du régime soviétique.

La mort de Camus

Je remercie l’Inactuelle pour me permettre de défendre mes recherches et de donner aux lecteurs de nouveaux éléments afin de mieux évaluer les témoignages que j’ai recueillis sur le cas de la mort d’Albert Camus.


Jacques Vergès et le PCF

Maître Vergès

Je considère à ce titre comme très important le témoignage de Jacques Vergès, qui se disait certain que l’accident d’Albert Camus avait été organisé par le KGB. Maître Vergès, dans son parcours politique, avait été en contact durable et permanent avec quelques-uns des hommes les plus puissants du monde communiste international. Il avait donc eu accès à des informations restées confidentielles pendant des années et était resté en contact avec la fine fleur des nomenklaturas de différents pays de l’Est et d’Extrême Orient.

Après avoir adhéré au PCF en 1945, il fut élu en 1950 à Prague représentant de la Réunion, membre du bureau de l’Union Internationale des étudiants – il s’agissait d’une organisation contrôlée par l’Union Soviétique. Il en est alors devenu bien vite Secrétaire Général. Son supérieur direct, avec qui il collaborera fructueusement pendant deux ans, en devenant son ami, et en orientant l’organisation dans une direction anticolonialiste, était le puissant Alexandre Chélepine, qui bientôt deviendra, en 1952, membre du Comité Central du Parti Communiste de l’Union Soviétique, et, en 1958, le chef du KGB.

Les amitiés de Vergès.

Or, Alexandre Chélepine était le chef du KGB au moment de la mort d’Albert Camus, en 1960. Jacques Vergès possédait donc le meilleur contact possible pour connaitre les causes de la mort de Camus. L’Union internationale des étudiants a assuré la formation des cadres de nombreux partis communistes européens, et a souvent obtenu leur affiliation au KGB. Ses membres sont toujours restés liés par un lien très spécial – un lien de militantisme, d’amitié et d’information mutuelle. Ce lien a traversé les frontières et a permis à toutes les personnes concernées d’entretenir des relations étroites, qui les mettait sans doute en mesure de connaître les décisions les plus secrètes prises par les organes soviétiques, ou les a même parfois encouragés à en être les exécutants.

L’Union Internationale des étudiants représentait également un formidable vecteur de propagande pour les jeunes d’Afrique et d’Amérique latine, au point d’influencer les futures classes dirigeantes de nombreux pays, faisant de la décolonisation et du soutien aux peuples opprimés l’un des objectifs prioritaires. Jacques Vergès était aussi dirigeant du Comité de liaison des étudiants anticolonialistes de Paris, et il est resté à Prague comme Secrétaire général de l’UIE jusqu’en 1954. A cette période, il est devenu l’ami d’Erich Honecker, futur homme fort d’Allemagne de l’Est, et des futurs dirigeants du Cambodge, Pol Pot et Kieu Samphan.

Vergès et le maoïsme

Ensuite, pendant des années, il a continué à voyager dans les pays de l’Est, où il entretenait d’autres amitiés éminentes, notamment en Tchécoslovaquie et en Allemagne de l’Est, pays soupçonnés par l’Occident de soutenir le terrorisme international et d’être souvent le bras armé du KGB à l’Ouest. Lors de ces voyages, il était surveillé par les services secrets français, et en particulier par la DST, comme le confirme Monsieur Roland Dumas dans ses mémoires. De 1970 à 1978, durant les années de sa disparition, il a probablement travaillé avec les dirigeants Khmers rouges au Cambodge, et pour les services secrets chinois.

Vergès avait rencontré en mars 1963 Mao Zedong, et il en était sorti fasciné par les thèses maoïstes. Il avait aussi créé la première revue maoïste de France, Révolution, diffusée de 1963 à 1965. Pendant toute sa vie, il a été en relations avec des hommes au pouvoir illimité, ce qui lui donnait l’opportunité de recevoir des informations très secrètes, connues par un cercle étroit de dirigeants. Sa renommée sulfureuse en France ne doit pas faire oublier le niveau exceptionnel des relations qu’il a gardées pendant toute son existence.

Source : https://linactuelle.fr/

En complément :

https://linactuelle.fr/index.php/2020/01/15/mort-de-camus-polemique/

https://linactuelle.fr/index.php/2019/09/21/camus-assassinat-giovanni-catelli/