POLITIQUE FICTION : UN PETIT TOUR ET PUIS JE REVIENDRAI PLUS FORT QUE JAMAIS !

Référendum, démission ou dissolution, Macron de toute évidence s’interroge.

Deux ans avant 2022 et après le Covid19 – si tant est qu’il soit derrière nous – le président de la République a indiqué, à deux reprises, qu’il allait se « réinventer », suggérant que nous le fassions à l’unisson. A l’Elysée on dit aussi « se ressourcer » ou encore « se relégitimer ». En fait, il s’agit surtout de trouver la bonne formule pour être réélu en 2022 en sortant de cette impopularité dans laquelle son quinquennat risque de sombrer définitivement.

Comment faire ? Trois possibilités sont envisagées :

Il y a le referendum sur les questions écologiques qu’il avait lui-même évoqué lors de la création de la Convention citoyenne sur le climat (voir ci-dessous.) L’écologie a le vent en poupe, ce dont témoigne le succès des Verts aux européennes et au premier tour des municipales. Les électeurs devraient y répondre favorablement, selon lui. Mais Macron n’ignore pas que, lors d’une telle consultation, les Français répondent non pas à la question posée mais à celui qui la pose, transformant le referendum en « pour » ou « contre » le pouvoir en place. Souvenons-nous que le “non” au référendum portant sur le Sénat et la régionalisation a provoqué la démission du général De Gaulle dont le pays était un peu las ! Il en va de même aujourd’hui pour Macron. Eu égard à la défiance, voire au rejet, qu’il suscite, le résultat ne lui serait pas acquis. Aussi, dans l’hypothèse du referendum, celui-ci comporterait plusieurs questions, correspondant à différentes mesures puisées, notamment, dans celles proposées par la Convention sur l’écologie. Il y aurait des « oui » et des « non » mêlés si bien qu’on ne pourrait en tirer aucune conclusion politique mettant en cause le chef de l’Etat. Cette « solution » biaisée lui permettrait également d’introduire parmi les questions certaines réformes constitutionnelles qu’il ne peut mettre en œuvre actuellement en raison de l’opposition du Sénat.

La deuxième éventualité, qui ne manquerait pas de panache mais serait la plus risquée, est la démission et une nouvelle candidature dans la foulée qui verrait les électeurs lui signer un nouveau bail pour l’Elysée. On ne voit évidemment pas pourquoi les Français qui à 59% (+5% en un mois), selon le plus récent sondage, ne lui font pas confiance, changeraient d’opinion dans les semaines ou les mois qui viennent. Sans compter que des candidats potentiels s’engouffreraient dans la brèche pour tenter leur chance avec une possibilité réelle de damer le pion au sortant (Le Pen, bien sûr, mais aussi Xavier Bertrand, François Baroin, voire Edouard Philippe, entre autres, à droite, Yannick Jadot, François Ruffin, à gauche) C’est, à notre avis, le choix présidentiel le plus improbable…

La meilleure solution pour être réélu, c’est la dissolution de l’Assemblée nationale. Aux élections législatives qui suivraient, il est plus que probable que l’opposition l’emporterait non seulement à cause du rejet de la politique actuelle mais aussi du peu d’implantation locale des députés macronistes qui seraient incapables de conserver leur siège sous l’assaut de la tempête.

Nous entrerions donc dans une nouvelle période de cohabitation. Or, les seuls présidents réélus sous la Vè République l’ont été après cohabitation : il s’agit de Mitterrand et de Chirac. Pour quelle raison alors qu’eux aussi n’étaient plus populaires auprès des Français ? Parce que la gestion au quotidien était le fait de leur premier ministre, respectivement Chirac et Jospin, et que ceux-là endossaient l’impopularité que suscitent inévitablement certaines mesures. Du haut de l’Aventin élyséen, le président en place distillait mezzo voce ses critiques…

Or, les deux ans qui précèdent la présidentielle de 2022 vont être rudes pour les Français. Le ministre de l’économie annonce 800.000 chômeurs de plus et des faillites en cascade. Le gouvernement de cohabitation aurait de difficiles décisions à prendre, lesquelles seraient portées au débit de la majorité parlementaire et du chef du gouvernement. Macron pourrait, lui aussi, critiquer ce qui se fait et ce qui se défait, suggérant que, s’il était investi des pleins pouvoirs, ça ne se passerait pas comme ça…

Il est probable que, lors de ces législatives, se dégagerait une majorité de droite, Républicains et Rassemblement national, tandis que l’opposition de gauche serait assurée par les Verts, au détriment des socialistes, mais sans être suffisamment nombreux pour constituer une majorité parlementaire à eux seuls. Là encore, Macron jouerait sur du velours : il n’y aurait pas selon toute vraisemblance un raz-de-marée RN ou LR. S’ils voulaient assurer la relève du macronisme, ils seraient dans l’obligation de former une coalition, malgré les réticences des uns et des autres. Et là, Macron aurait beau jeu de dénoncer une alliance « contre-nature » avec le couplet habituel et mensonger sur les valeurs républicaines en danger que lui seul pourrait sauvegarder…

Politique fiction ? Pour l’instant, certes, mais plausible en tout cas car c’est une des éventualités qui est examinée par les têtes chercheuses de l’Elysée.

Source : Le Bulletin d’André Noël n°2652.