L’OCCIDENT EST-IL VRAIMENT ESCLAVAGISTE ? 3/ 4

Par Bernard PLOUVIER

2 – La Traite d’Afrique noire vers le Maghreb et la piraterie barbaresque

Qu’elle soit transsaharienne ou méditerranéenne, cette traite, exclusivement mahométane, porta sur 9 à 10 millions d’humains, des Africains, mais aussi des Européens (Austen, 1987 ; Davis, 2003).

Entre les VIIe et XIXe siècles, de 8 à 8,5 millions de Noirs ont été razziés dans les bassins du Tchad et du Niger, puis exportés à pied, enchaînés, à-travers le Sahara, vers les cités du Maghreb, avec une mortalité d’environ 1,5 million d’êtres humains lors des transferts, (Austen, 1987 ; Petré-Grenouilleau, 2004), alors que l’esclavage avait disparu du Maghreb christianisé, avant l’invasion mahométane.

Entre 1,2 et 1,3 million d’Européens – des hommes, pour 90 % – ont été réduits en esclavage, entre 1530 et 1830 (Davis, 2003). Ils étaient soit les victimes de raids de vaillants guerriers mahométans sur les cités et les villages non ou mal défendus des zones côtières d’Ibérie, de Provence, de Sicile et d’Italie méridionale, soit des navigateurs dont les navires de pêche ou de commerce avaient été attaqués par des « pirates barbaresques » du Maroc et d’Algérie, ces derniers n’ayant été neutralisés que grâce à l’intervention militaire française de 1830. Les Arabes d’Alger et d’Oran exportaient des esclaves « roumis » (européens) vers le Soudan – l’actuel Mali, de nos jours – où l’explorateur René Caillié expérimenta ce statut, durant les années 1830.

Jusqu’à présent, aucune repentance ne s’est manifestée, à ce propos, du côté de Salé ou de Rabat, ou en provenance d’Oran ou d’Alger. Cela ne saurait tarder, de la part d’individus qui se sentent très concernés par ce concept… à moins que, comme on l’a constaté pour le racisme ou les génocides, la repentance ne soit une notion à géométrie variable.

à suivre