« BIG PHARMA » ! PHANTASME COMPLOTISTE OU RÉALITÉ ?

Par Bernard PLOUVIER

La gestion autoritaire et d’une stupidité hilarante de la (réelle, mais peu meurtrière) pandémie de coronavirus dit Covid-19 a bien sûr réveillé les fantasmes (ou phantasmes : soit des rêves éveillés) des admirateurs d’Erich Blair, devenu célèbre sous le pseudonyme de « George Orwell », soit un grand romancier et, comme tel, un personnage bizarre (victime d’une énurésie de très longue durée, ce qui en dit beaucoup sur son angoisse existentielle), créateur de mythes et d’allégories.

Franchement, même si Macron et ses « inexperts » – la crise du Covid rend nécessaire le passage de l’adjectif au substantif pour désigner l’entourage technocratique du « Président-qui-avait-une-longue-et-belle-carrière-devant-lui-et-qui-ne-l’a-plus-vraiment » – ont démontré leur parfaite nullité dans la gestion de l’affaire, ils n’ont guère créé un régime très oppressif… la France de 2020 n’a rien à voir, de près ou de loin, avec l’ambiance du roman 1984.

Pas plus que les Gilets Jaunes et autres contestataires n’étaient les héros de La Ferme des animaux. Évitons de prendre les fantasmagories d’un déçu du stalinisme et d’un trotskiste pleurnichard pour des leçons de civisme ou pour des prophéties. Une allégorie est amusante ou irritante, mais reste du domaine de l’imaginaire. Le stalinisme et le maoïsme ont très largement dépassé en horreur le produit des ruminations cérébrales de M. Blair.

De même que la stupide Loi Avia ne parviendra pas à faire de nos « chers immigrés » (chers, ô combien, en dépenses inutiles pour la communauté nationale) des prix de vertu civique ni des individus assimilables, de même, il convient d’éviter le ridicule du délire complotiste.

Le complotisme est toujours une surévaluation caricaturale de faits réels. Certes, la mort de JFK, le Kennedy présidentiel, fut le résultat de la convergence de plusieurs complots de mécontents, mais c’est à peu près l’unique complot qui ait réussi au XXe siècle. Quant au complot orléaniste des années 1787-89, qui a organisé la fronde bourgeoise puis la Grande Peur, il a échappé très vite à ses organisateurs et le résultat fut absolument différent de ce qu’espéraient les apprentis-sorciers.

La pharmacopée moderne est née grâce à l’apport de la chimie et de la botanique durant les années 1880-1970 : les médicaments n’étaient pas trop chers, car la recherche préalable à l’isolement des principes actifs restait d’un coût très raisonnable. Tous les médecins qui ont œuvré à la fin des années 1960 et au début de la décennie suivante savent bien qu’il s’agissait de médicaments assez peu efficaces, à l’exception des vaccins, de l’insuline (difficile à manier dans ses formes alors existantes), des premiers antiinflammatoires, des sulfamides et des antibiotiques.

Le bouleversement thérapeutique est arrivé à la fin de la décennie 1970 et l’on s’est alors aperçu qu’il fallait beaucoup d’argent pour trouver des médicaments vraiment efficaces, ceux-là mêmes qui ont radicalement transformé le pronostic et le confort de vie des diabétiques, des asthmatiques, des coronariens et de nombreuses autres maladies, modifiant même du tout au tout la prise en charge de nombreux cancers et de certaines leucémies… pas de toutes ces maladies, c’est évident, mais l’amélioration de nos moyens de traitement fut réellement spectaculaire.

Le coût de la recherche justifiait le prix des médicaments efficaces. Le seul scandale fut et reste d’accepter la mise sur le marché de médicaments peu efficaces ou dangereux et d’en avoir laissé faire la promotion.

En furent et demeurent responsables, beaucoup moins les dirigeants des sociétés pharmaceutiques (la cible « Big Pharma » des complotistes) – après tout, leur rôle est d’organiser la recherche de nouveaux médicaments et de les commercialiser aux mieux des intérêts de leur société -, que de nombreux médecins expérimentateurs (soit un nombre ahurissant de « grands professeurs ») et surtout des « experts » et décideurs au ministère de la Santé de chaque pays… et chacun connaît « l’incorruptibilité » et le « désintéressement » des uns et des autres.

Ne pas se tromper de cible est nécessaire lorsqu’on veut faire progresser la gestion du Bien commun… il n’est pas que dans l’imaginaire « Royaume de Danemark » du Prince Hamlet qu’il « y a quelque chose de pourri ».

Il reste d’énormes progrès thérapeutiques à faire, notamment dans le traitement des viroses. La véritable prévention des pandémies virales (et de quelques épidémies bactériennes) passe par le contrôle sanitaire draconien aux frontières, l’arrêt de l’immigration de masse en provenance des pays sales (ce qui diminuerait – outre les pandémies de viroses respiratoires, par définition saisonnières – les épidémies de tuberculose, de choléra, de maladies vénériennes, dont le SIDA, d’hépatites, etc.), enfin et surtout par la stimulation de l’immunité cellulaire des humains.

C’est sur cet objectif que devraient se pencher les chercheurs des grands laboratoires pharmaceutiques… pour l’heure, on a le BCG, rappelons-le.