par Michel LHOMME
Une mascarade préfectorale, sanitaire, éducative, juridique, électoraliste mais aussi avec les Comores, internationale.

Mayotte toujours officiellement en confinement a néanmoins paradoxalement ouvert hier officiellement ses écoles en obligeant ainsi son personnel enseignant mais aussi les parents à violer ouvertement la loi !… C’est sans doute d’ailleurs la première fois qu’une préfecture viole quotidiennement et ouvertement la loi, en contredisant sur le terrain les décisions gouvernementales qu’elle est incapable de faire appliquer et ce sans doute avec l’aval des charlots qui nous gouvernent à Paris. On aura cependant noter que lundi, seule une commune, la commune de Chirongui tenue par une maire, certes efficace dans bon nombre de domaines mais militante active de La République en marche aura répondu à l’appel avec seulement sept élèves car les réticences chez les parents sont nombreuses. Cinq maires avaient ces derniers jours accepté de tenter le coup mais à la veille de la rentrée annoncée alors que je le répète, le confinement n’a toujours pas été juridiquement levé, certains élus ont fait machine arrière devant à la fois l’impopularité de cette décision qui pourraient heurter leurs potentiels électeurs, en plein second tour des municipales mais aussi en mesurant leurs responsabilités et les conséquences pénales qui pourraient en résulter en cas de plainte, le confinement n’ayant pas été juridiquement levé.

De la même manière qu’elle a joué avec les morts (« quand l’Ars en compte trois, j’en compte déjà onze ! » a déclaré récemment le seul opérateur de pompes funèbres en exercice sur l’île), grâce aux évacuations sanitaires vers la Réunion et les jours de congé (pont de l’Ascension et fête musulmane de l’’Aïd), l’ARS de Mayotte joue maintenant avec les chiffres en essayant de faire croire à une baisse significative du nombre de personnes contaminées sur le territoire, ce qui est totalement FAUX. Il n’y a, au contraire, aucune accalmie de l’épidémie dans le département et de toute façon, on ne peut rien mesurer car il n’y a pas de tests disponibles sur l’île jusqu’à jeudi ! Or, de nouveaux clusters inquiétants apparaissent un peu partout dans les bidonvilles, dans le milieu enseignant qui avait été mobilisé dans l’irresponsabilité la plus totale pour distribuer en main propre des bons alimentaires, des recharges téléphoniques, des devoirs et y compris en prison où d’ailleurs, en pleine montée de la délinquance, on s’efforce de libérer les détenus ou de ne pas les y envoyer.
Quelques heures avant l’Aïd El Fitr, le marché de Majicavo-Dubaï avait été littéralement assailli comme à l’accoutumée par des centaines de personnes qui n’ont en aucune manière respecté les règles de distanciation et se sont agglutinées les unes contre les autres pendant des heures et ce, alors que l’épidémie de coronavirus n’avait jamais été aussi virulente sur le département. Nul doute que les chiffres en baisse ces derniers jours permettront dans les heures qui suivent de proclamer officiellement le déconfinement.


En tout cas, la délinquance ne s’est pas arrêtée durant le confinement et pire aussi peut-être d’un point de vue traditionnel, le mois sacré de Ramadan n’y a rien fait au point où l’on peut d’ailleurs s’interroger aussi – mais qui le fera ? – sur l’authenticité morale de la foi musulmane du département.

Les bandes de jeunes se heurtent maintenant partout avec la police au rond-point du Baobab à Cavani, en Petite-Terre, à Kavani, Koungou, Trévani… Sur les marchés, les mamas-vendeuses ont peur puisque les agressions, vols et autres malveillance se poursuivent. Or, comme nous l’avions déjà relevé, la population excédée maintenant a de plus en plus tendance à réagir violemment et il s’est ainsi formé dans plusieurs villages des « milices », prélude à une sorte de guerre civile. Ce week-end, trois adultes s’en sont pris par exemple à des jeunes en guise de représailles, l’un des jeunes battus ayant disparu, les trois « miliciens » en cause ont été immédiatement mis en garde à vue prolongée. C’est alors qu’immédiatement, la population s’est rangée contre les forces de l’ordre et surtout le procureur hautain à la réputation laxiste particulièrement anti-mahorais. Sur les réseaux sociaux comme dans la rue, on a porté en héros ces Mahorais de souche qui se sont fait justice eux-mêmes face au laxisme attesté de la gendarmerie locale. Ils sont présentés comme des citoyens exemplaires qui défendent les intérêts de Mayotte en protégeant l’île de la délinquance ce que se refuse à faire ouvertement les autorités, libérant systématiquement les accusés sur avis du procureur cité.

Les gens ont ras le bol des violences et des incivilités commises par des jeunes qu’ils connaissent très bien tout comme les policiers ou les gendarmes. Cela ne vous rappelle-t-il pas quelque chose ?… C’est exactement la situation qui prévaut dans les quartiers dit sensibles de l’hexagone sauf que là-bas, on ne forme pas encore des comités d’auto-défense !
À Dzaoudzi-Labattoir comme à Pamandzi des bandes s’affrontent régulièrement dans la rue et lors de ces bagarres de rue, des voitures et des maisons sont vandalisées, des riverains attaqués, de plus en plus violemment et à la machette. Les réponses de la justice de droit commun à la question de la délinquance juvénile à Mayotte est jugée laxiste et ce laxisme revendiqué idéologiquement (droits de l’homme, droit de l’enfant, discours sur les inégalités, immigrationnisme militant) se paie forcément maintenant à prix de sang.
Mais revenons justement sur le cœur du problème à savoir le statut contestable de Mayotte comme département français (merci au démagogue Sarkozy !) et son appartenance du point de vue du droit international aux Comores.
Mercredi dernier, lors d’une audition devant la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, le Ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a demandé à l’Union des Comores d’accueillir ses ressortissants expulsés de Mayotte. Mais à quel titre ? Un Comorien est en droit international chez lui à Mayotte. Nous ne comprenons pas d’ailleurs que les Comoriens ne se mettent pas à chanter leur hymne national dès qu’ils sont arrêtés. Nous sommes certains que la systématisation pacifique d’un tel acte, chanter l’hymne national comorien devant la PAF, ferait bouger plus vite les choses que n’importe quelle autre réunion informelle mais voilà, les jeunes Comoriens ne souhaiteraient-ils pas plutôt le retour au giron colonial ? Pourquoi ne pas alors briser ce tabou en posant l’idée nouvelle d’un état confédéré, franco-comorien ?

Le 17 mars dernier, face à la crise sanitaire du Covid-19, les autorités comoriennes ont décidé de fermer leurs frontières. Pour les différents collectifs mahorais, cette décision unilatérale des Comores mettait de fait un point final à l’accord cadre signé à l’automne, d’autant qu’en parallèle chaque jour des kwassa-kwassa tentent de rejoindre Mayotte, preuve si ‘en est que le gouvernement du pays voisin ne contrôle pas ses frontières, ne souhaite pas le faire comme il s’est pourtant engagé à le faire.
Entre l’arrivée permanente de kwassas et l’impossibilité de reconduire aux frontières, ce n’est pas seulement le système sanitaire du 101ème département français, déjà très contraint qui va exploser mais aussi sans doute à la rentrée le système éducatif. Pour la rentrée 2020, vu la dégradation à tous points de vue de la situation, nombre d’enseignants ne reviendront pas et casseront leur contrat mais surtout où mettre les élèves en explosion démographique si les classes ne doivent fonctionner qu’à quinze ?
Fidèle à une absence de vision stratégique et à long terme qui dure depuis trop longtemps, le gouvernement français a repris ce mois-ci, avec les Comores, la politique dispendieuse du chantage : nous refoulons les sans-papiers, vous les acceptez (politique qui n’est en fait qu’une mascarade, les kwassas étant quasiment devenus des lignes de transport régulières!), et nous vous aiderons à vous développez ! En somme, vous nous aidez à ramener les sans-papier aux Comores, et dans le cadre des termes de l’accord cadre, nous accorderons des crédits de développement des Comores. Politique absurde qui a démontré son inefficacité depuis des années !
Dans les faits, le centre de rétention administrative est devenu actuellement un centre de quarantaine. À l’issue des 14 jours et après plusieurs tests, les personnes en rétention n’étant pas positives au Covid 19, devraient en théorie pouvoir regagner leur pays mais ils seront de fait tout simplement relâchés !
De plus, l’Union des Comores semble être en proie à d’importants troubles. D’abord, le pays enregistre 87 cas confirmés de Covid 19 selon les chiffres officiels alors que dans les faits, les malades seraient beaucoup plus nombreux ce qui met fortement à mal un système de santé parmi les plus précaires au monde. Par ailleurs, ces derniers jours, l’État a ordonné une série d’arrestations d’individus qualifiés de « terroristes ». 19 personnes ont été interpellées pour atteintes à la sûreté de l’État. Selon le procureur de la République des Comores, il s’agit d’individus membres de la « diaspora en France, de comoriens vivant à Madagascar, Mayotte ou en Grande Comore ». Ils sont accusés de préparer un coup d’État quelques jours après qu’un attentat a été déjoué sur l’avion transportant le président Azali Assoumani entre Anjouan et Ngazidja. Des mines et des détonateurs auraient été retrouvées chez les individus arrêtés. L’opposition de son côté évoque un coup monté par le gouvernement afin de légitimer des arrestations de détracteurs. En clair, les tensions politiques sont de plus en plus vives liées en particulier à la fermeture controversée mais pourtant nécessaire des mosquées (on ne touche pas si facilement au gagne-pain des imans aux Comores !). Par ailleurs, en pleine crise économique internationale, les banques comme BNP Paribas se désengagent du territoire et refusent tout nouveau crédit d’endettement.
Photo de couverture : le recteur de Mayotte, bien seul hier, à Chirongui !