par Michel LHOMME
Les gens commencent tout juste à comprendre. Qu’a-été le confinement dans le fond ? Pourquoi nous sommes-nous enfermés ? Pourquoi avoir ainsi précipité la Nation vers une étrange défaite ?
Le désarmement sanitaire, l’infection de l’hôpital par des logiques managériales, l’obsession comptable, avaient tout simplement placé notre système de santé dans l’incapacité d’affronter des situations inédites. Le confinement n’était donc plus que l’arme de dernier recours mais une arme fatale car elle aura été et sera également une arme de destruction sociale, psychologique et économique massive du pays.
Économiquement, l’impact du confinement est déjà impressionnant, et ce n’est que le début. Demain, la disparition d’entreprises, de restaurants, de cafés, de services et de bien des activités dont la presse en particulier sera sans pitié. Le corps social sort en réalité exsangue de ce confinement, sans compter le problème de la formation et de l’éducation avec des générarations entières sacrifiées et rendues analphabètes par des diplomes bradés.
Ouvrez les yeux : le fake state ne sera pas en mesure d’aider les citoyens que nous sommes à sortir de l’ornière dans laquelle il nous a précipités. L’État s’est en effet dépouillé depuis longtemps des attributs de sa puissance : abandon de sa monnaie, budget noyé dans la contrainte européenne, fin de toute politique industrielle, de toute politique commerciale, soumission de notre ordre juridique à l’ordre européen. Le fake state a livré la nation aux vents mauvais de la mondialisation et de sa terrible filiale, l’Union européenne.
À la mi-mai, Sanofi faisait scandale en annonçant que les précommandes d’un éventuel vaccin contre le Covid-19 seraient réservées aux États-Unis. Mais là encore pourquoi ? C’est qu’une agence américaine a versé 30 millions de dollars à Sanofi et a donc participé par une somme conséquente à la prise de risque. Que pèse alors les 1,5 milliards d’euros de crédit d’impôt recherche français, somme ridicule en réalité, qu’elle a reçu en dix ans ? Emmanuel Macron et Édouard Philippe ont fait part de leur indignation, le Premier ministre a affirmé que « l’égal accès de tous au vaccin n’est pas négociable », comme s’il faisait la loi dans ce groupe pharmaceutique détenu à 61% par des capitaux étrangers. Pour reprendre le contrôle de la conception et de la production de médicaments, il faut, à rebours du discours libéral, reconstituer un pôle public. Or tous ceux qui sont en poste aujourd’hui n’ont fait que le démanteler comme Alsthom vendu à General Electric qui se signale maintenant à notre attention en annonçant de nouvelles délocalisations aux États-Unis et en Arabie saoudite de son activité de réparation sur le site de Belfort. Le prétexte, c’est la pandémie qui ralentirait la production du site et encore on a échappé dé justesse à la privatisation d’aéroport de Paris car qu’auraient fait les actionnaires (chinois peut-être) dans la crise aéronautique présente s’ils en avaient été aujourd’hui les propriétaires ?
Le gouvernement a ralenti sur le projet de contrôle de la population StopCovid qui lui tenait à cœur mais là encore pourquoi en réalité ? C’est qu’ Apple en refusant un accès illimité à Bluetooth, la société californienne empêche de fait le déploiement de StopCovid. Cette opposition, qu’elle justifie par des raisons techniques, ne s’explique que par le choix français d’un stockage « centralisé » et contrôlé par les autorités des données, contre le modèle « décentralisé » prôné par les Gafa, avec des perspectives de juteux profits dans le domaine de la santé. Apple tire sa force d’un monopole technique, notamment en matière de systèmes d’exploitation. Elle bénéficie de la déterritorialisation du droit américain qui s’applique car les serveurs, les logiciels, les procédés de cryptage et les algorithmes sont américains. Le bras de fer opposant le gouvernement à Apple jette ainsi une lumière crue sur notre dépendance numérique pour notre sécurité. Pire on voit qu’elle conditionne la possibilité d’exercice de notre modèle de liberté. Un premier pas vers la souveraineté numérique consisterait à héberger nos données sur nos serveurs et à les soumettre à notre droit. Partisans de cette souveraineté numérique, des parlementaires ont réclamé une révision constitutionnelle pour une charte du patrimoine commun des données numériques. Cela participe de la nécessaire reconstruction d’un État stratège soucieux de défendre le bien commun.