par Jordi Garriga
Oui, que la fête continue après plus de 50 jours de quarantaine, commence ce que les médias et la classe politique espagnole appellent la desescalada littéralement la «désescalade», terme incorrect d’origine anglo-saxonne tout comme le “déconfinement” français. Mais pour autant qu’il en aille, la fête en effet se poursuit et il n’y a aucune raison qu’elle s’arrête maintenant.
Il y a eu des dizaines de plaintes concernant des jeunes qui se sont mis à boire de l’alcool en groupe dans les rues de Madrid. Peu en réalité mais depuis le premier jour, les Espagnols sont traités comme s’ils étaient un groupe d’adolescents: « Allez les gars, rien ne va plus, profitez du moment ! ».
On leur a promis une aide qui n’arrive pas et quand elle arrive, c’est trop tard pou trop mal. On a caché absolument tous les drames familiaux et toutes les images qui pouvaient venir perturber les fêtes quotidiennes depuis les balcons avec des messages qui n’étaient pas positifs, mais totalement infantilisants. Ensuite, quand on veut assouplir la quarantaine, il s’avère que beaucoup ne respectent pas la distance recommandée, qu’ils vont (et continuent d’aller) vingt fois par jour dans la rue pour n’importe quoi, qu’ils se promènent à l’heure qu’ils veulent, même s’ils ne respectent pas le repos du reste du quartier (« c’est mon droit, nana ! »). Mais peut-on vraiment leur en vouloir: si vous traitez les gens comme des enfants, ils finissent par en être ! …
Le tout au milieu de la plus grande hypocrisie jamais vue: des princesses royales qui vivent dans un manoir de plus de 3 000 m2 et réalisent des vidéos disant qu’elles aussi «souffrent» de l’enfermement. La ministre espagnole de l’Égalité qui ne tient sa nomination qu’au seul fait d’être l’épouse de… tellement peureuse qu’elle a passé trois tests successifs de coronavirus en plus, alors que le personnel de santé a la chance de ne pouvoir en passer aucun. Un gouvernement qui se vante comme en France de n’«écouter que les experts» et qui dévoile chaque soir la litanie des chiffres des compatriotes morts, comme on fait des enchères…
Avec des employeurs et des travailleurs ruinés et des banques qui ne pardonneront pas un sou, la vaie épidémie, l’épidémie sociale approche à grands pas (combien de familles dépendaient de la pension de leurs aînés décédés ?). La recette du gouvernement est claire: la police se prépare à une augmentation des vols et à l’occupation des maisons et elle n’exclut pas de patrouiller avec l’armée.
L’habitude de manger du pop-corn au cinéma, savez-vous d’où il vient ? De la Grande Dépression américaine de 1929. À l’époque, il y avait un krach économique, mais tout comme aujourd’hui il n’y eut ni pénurie ni manque de produits aux marchés, mais destruction économique. Telle était la situation qu’un propriétaire de salles de cinéma eut l’idée de donner un sac de pop-corn à l’entrée de chaque séance. Ce fut un succès immédiat, car pour beaucoup de gens c’était leur seul repas sûr de la journée.

Puis survint la Seconde Guerre mondiale…
Qu’est-ce qui pourrait nous aider à améliorer la situation? Restructurer la planète en renforçant les frontières, en arrêtant l’immigration incontrôlée et en mettant en place des systèmes économiques et de santé partout qui feraient du coup disparaître progressivement cette nécessité de fuir vers des endroits meilleurs ? Que vont vraiment faire nos gouvernants aujourd’hui ? Allonger sûrement les états d’exception, augmenter le contrôle individuel, la censure (loi avia en France pour le 13 mai), intensifier la répression et, comme point culminant, une guerre mondiale dans l’espoir de redémarrer le système (détruire pour construire plus tard, dépeupler pour repeupler).
La fête se poursuivra jusqu’à une nouvelle “vague”, mais n’hésitez pas: elle se terminera lorsque cela ne sera plus intéressant pour eux.
