PILLAGES, VANDALISME ET CAMBRIOLAGES A MAYOTTE

par Michel LHOMME

Depuis plus d’une semaine les nuits de ramadan sont agitées à Mayotte et en particulier dans la commune de Mamoudzou et ce malgré le confinement et les couvre-feu en place qui ne sont absolument pas respectés dans département.

Les scènes les plus virulentes se sont déroulées ce week-end à Tsoundzou où les forces de l’ordre ont été mobilisées ‪de 21H samedi soir à 3H30 du matin ce dimanche‬ avec 48 gendarmes mobiles déployés, plus de 300 tirs de grenades lacrymogènes, 11 tirs de LBD, l’appui de deux véhicules blindés de la gendarmerie. Bilan uniquement pour la gendarmerie – de l’autre côté, on pavoise ! – neuf gendarmes blessés dont un grave en la personne carrément du directeur territorial de la police nationale du territoire, pris pour cible par des jets de pierre alors qu’il effectuait des sommations pour disperser les individus. 

Toutes ces exactions et ces débordements font suite à la dispersion d’un Mourengué – combat de boxe traditionnel, coutume populaire en période de jeûne musulman – qui regroupait environ, 200 personnes. Jusqu’alors, la préfecture avait laissé faire comme elle continue par ailleurs de laisser entrer sur le territoire les kwassas de clandestins alors que l’épidémie de coronavirus est déclarée maintenant officiellement présente aux Comores voisines.

Amas de pierres résultant des échaffourées de la veille, poubelles brûlées, bennes pour les tris sélectifs ou encore panneaux solaires de l’éclairage public brisées, mobilier urbain incendié, superette pillée et ouverte à coup de masse, le tartarin préfet a de quoi est fier de l’incohérence et de l’incompétence de son responsable sécurité et de sa politique laxiste aux injonctions médiatiques martiales suivies à chaque fois d’actes inexistants, par peur au ventre manifeste, par flagrant délit de lèche-baboucherie en tout genre. On prie d’ailleurs toujours par petits groupes dans les mosquées de l’île et à Acoua le maire cherchant à s’expliquer cette incohérence s’est vu répliquer par les gendarmes eux-mêmes que « vingt personnes, c’était tolérable » !

A Tsoundzou, selon des témoignages recueillis sur place, un camion est venu très organisé récupérer la marchandise volée, estimée à 50 000 euros, preuve que des adultes sont derrière les troubles des jeunes de toute évidence manipulée en pleine campagne électorale municipale par les candidats opposés au maire sortant (la gamelle est très bonne à prendre nous dit-on en raison des dessous de table en espèces de la préfecture destinés aux quartiers dits chauds).

« C’est le même mode opératoire qu’à Kawéni » [la semaine dernière] explique un élu de la ville avec  « cette impression que tout est préméditéL’objectif principal est de piller les magasins en organisant des mrengués pour attirer les forces de l’ordre. Une fois arrivées sur place, elles sont caillassées pour faire diversion et permettre un autre groupe de s’attaquer aux commerces ». Cela suppose donc que les fauteuils de trouble sont connus pourtant on ne procède à aucune interpellation ! La police semble d’ailleurs comme en métropole fatiguée de servir de chair à canon, à chaque fois de fusible alors qu’elle travaille toujours sans masques dans des locaux exigus même pas réaménagés face au coronavirus.

Il importe d’ailleurs de rappeler ici que la police française de Castagnette-Castagneur est la seule police européenne qui a opéré et réalise ses contrôles non masqués, masques semblent-ils jugés non prioritaires par le Ministre de l’Intérieur français car police espagnole, italienne, allemande, marocaine ou péruvienne portent elles toutes des masques de protection.

Face à face devant la police, les rôles sont inversés et ce sont les voyous qui demandent aux forces de l’ordre de partir, mais cette fois-ci, effectivement, le directeur sur ordre enfin émis de la préfecture avait répliqué « la rue c’est la République, l’ordre sera rétabli ! ». Frappé alors à la jambe, il a dû être transféré aux urgences de l’hôpital saturé par le coronavirus et la dengue pour quelques points de suture ! Visés par les jets de pierre, les munitions des forces de l’ordre n’avaient pas non plus tarder ce week-end à manquer, et une équipe avait même dû dans le chaos général aller se réapprovisionner au commissariat !

On peut certes dire que cela devient habituel et que cela a un goût de déjà-vu mais quelques heures plus tôt cela avait aussi été le cas de Combani de connaître les mêmes désordres urbains. Les affrontements y durèrent, au total, une quarantaine de minutes au point que malgré les grenades de désencerclement tirées, les forces de l’ordre avaient décidé de se retirer, alors qu’encore, en face d’eux, des dizaines et des dizaines de jeunes leur faisaient face. “C’était une façon de ne pas rajouter du trouble au trouble » se rassurait alors comme il le pouvait le lieutenant-colonel responsable de l’opération. “Si nous étions restés sur place, cela aurait encore duré deux heures.” Tous les assaillants ont applaudi et ont réussi à prendre la fuite sans être interpellés. De toute façon demain, il n’y a plus d’école !

A chaque fois des riverains sont pris à partie lors des échanges de tirs, des véhicules sont dégradés et aucune interpellation n’a lieu, les jeunes finissant par prendre la fuite, comme bien souvent, dans des quartiers non éclairés, difficiles d’accès, illégaux [terrains envahis] pour les véhicules de police.

Mayotte préfiguration d’une banlieue à venir est donc devenu très très chaud. On retrouve la nuit des barrages sur la route, parfois comme à Chirongui la semaine dernière non tenue par des voyous mais au contraire par des jeunes voulant imposer au contraire le confinement sur les routes la nuit et jouant donc le rôle de milices contre les vols à répétition des clandestins ou l’arrivée nocturne de trafiquants en tout genre en barques clandestines semi-autorisées puisque jamais interceptées !

Quant à l’épidémie absolument non maîtrisée par l’ARS, la situation sanitaire dénombre 686 cas confirmés avec une moyenne devenue stupéfiante de 25 à 30 cas par jour, 352 Patients sont officiellement guéris (mise à jour du 02 mai), 37 sont hospitalisés dont 6 patients en service de réanimation. En fait, l’évolution de la pandémie apparaît plutôt stable dans l’Océan Indien hormis à Mayotte et c’est la France qui aime donner à tous des leçons dans la région ! C’est bien le 101ème département où la situation semble devenir dramatique avec une accélération constante du nombre de personnes infectées. Le virus s’emballe et la barre des 600 patients a maintenant largement été dépassée et on murmure même que le nombre de morts pourrait être relevé à 8 dans les heures qui suivent dont une personne de 46 ans. Quant au grand cheik local, ancien cadi et ancien policier, il a été mis en bière dans un cercueil de bois contrairement aux usages musulmans de l’île, preuve qu’il a bien été infecté par le covid-19 ce qui n’a pas empêché le rassemblement de plus de deux cent personnes à son enterrement parfois sans masque, en tout cas sans distanciation d’un mètre sans qu’une fois de plus, police nationale et municipale, et le tartarin préfet Jean-Marie Colombet n’est trouvé quelque chose à redire sauf de répéter en boucle d’un ton pleurnichard : « mais non, mais non … je ne suis pas laxiste !  »

Alors que tous ces faits sont connus, le Président du Conseil Départemental a pu échanger avec le chef de l’État et lui a « supplié » de faire respecter le confinement et de protéger les frontières. Il peut sans doute espérer encore longtemps quand fait nouveau, un bon nombre d’expatriés enseignants ne semblent plus vouloir renouveler leur contrat à la rentrée sentant suite à la déscolarisation massive la situation sécuritaire se détériorer à vitesse grand V ou étant de plus constamment victimes de cambriolages ou agressions physiques à répétition, le nouveau lycée flambant neuf de Mamoudzou Nord venant d’ailleurs d’en faire les frais !