COVID-19 : MAYOTTE SEUL DÉPARTEMENT ROUGE D’OUTRE-MER

par Mansour KAMARDINE

Alors que l’épidémie de coronavirus marque le pas en Métropole comme dans la plupart des département d’Outre-mer depuis deux semaines, le Covid-19 explose à Mayotte avec un doublement des cas avérés en deux semaines et une progression de près de 10% par jour actuellement et cela malgré une capacité quotidienne de tests limitée, révélant froidement les défaillances de la surveillance de l’épidémie sur le territoire.

Avec 596 cas avérés, Mayotte est le territoire d’Outremer qui compte de loin le plus de cas de coronavirus, le plus de cas par habitant, le plus de personnes hospitalisées, le plus d’hospitalisation par habitant et le moins de lits de réanimation par habitant (25 vrais lits de réanimation au total). La circulation non maîtrisée du virus étant un fait remontant à plusieurs semaines, le passage en phase 3 ne change en lui-même rien si ce n’est l’aveu public de l’échec des autorités.

En outre, la saturation des capacités hospitalières du pays voisin de l’Union des Comores entraîne un début d’immigration clandestine sanitaire [quoique toujours fortement niée par les autorités des deux côtés confirmant ce que nous ne cessons de dire depuis des semaines à savoir que des kwassas continuent d’arriver quotidiennement sur le territoire environ trois par jour et ce contrairement aux allégations mensongères du préfet évoquant leur refoulement par des vedettes n’opérant toujours pas dans le lagon; NdR ]

Enfin, la transparence des autorités sanitaires est relative : absence d’informations sur la mobilisation des structures hospitalières par l’épidémie de dengue, absence d’informations sur l’importation de cas de coronavirus en provenance de l’Union des Comores, absence d’information sur l’évolution commune par commune, absence d’informations sur la montée en puissance des capacités de test. [au point que les derniers chiffres n’ont pas été communiqués par l’ARS locale mais par Jérome Salomon, le directeur général de la santé dans on point de presse quotidien ; NdR].

Afin de faire face au mur épidémique qui est devant nous à Mayotte, il importe donc que le gouvernement prenne enfin les mesures qui s’imposent :

  • Doter immédiatement Mayotte de capacités de test de masse ;
  • Mobiliser plus fortement la réserve sanitaire de Métropole pour « dé bunkériser » le CHM en multipliant le nombre d’équipes mobiles de dépistage ;
  • Envoyer d’urgence un stock de masques dits « grand public » pour doter le maximum de famille ;
  • Doter le CHM d’un stock de médicaments susceptibles d’avoir une action curative (hydroxichloroquine, azithromycine et tocilizumab). A cet égard, à ma connaissance, aucun des patients hospitalisés à Mayotte bénéficiant d’un traitement à l’hydroxichloroquine n’a eu besoin d’être placé en réanimation ;
  • Constituer une véritable capacité à confiner les cas de coronavirus qui ne peuvent l’être à domicile (les 50 places de confinement de l’internat de Tsararano sont insuffisantes).

Après avoir échoué à endiguer puis à la maîtriser l’épidémie à Mayotte en ne tenant pas compte des alertes et des propositions formulées par les acteurs locaux, [en étant totalement incapable par manque de fermeté de faire respecter le confinement ; NdR], le gouvernement n’a d’autre choix que d’agir avec résolution. Le gouvernement doit abandonner le « y a qu’à, faut qu’on » et passer à l’action : puisqu’il recommande de tester massivement, qu’il fasse en sorte qu’on puisse tester massivement, puisqu’il recommande de porter des masques, qu’il fasse en sorte que l’on dispose de masques, puisqu’il recommande de confiner les cas avérés, qu’il fasse en sorte qu’on confine les cas avérés.