LE QUATRIÈME POUVOIR

par Franck BULEUX

Il est assez affligeant de suivre, pendant cette « période exceptionnelle » les médias, d’écouter les journalistes français. Vous l’avez constaté, les médias écrits laissent peu à peu la place aux médias télévisuels ou du Net. Et, ajoutons-le, les médias écrits sont de moins en moins pluralistes : puisque nous sommes dimanche, depuis 3 ans, avez-vous compté le nombre de « une » du Journal du Dimanche (JDD) consacré au président Macron ? C’est proprement édifiant…

Contrairement à l’ensemble des périodes contemporaines, nos acteurs informatifs n’ont qu’un seul credo : encenser l’activité du président Macron et louer tout ce que fait le gouvernement emmené par Edouard Philippe. Pour vous en convaincre, relisez la presse parue pendant les évènements de Mai-68. C’était, pour résumer, « De Gaulle, 10 ans, ça suffit ! ». Oui, l’homme que l’on considère aujourd’hui comme « providentiel », dehors ! C’est d’ailleurs ce que confirmèrent 53 % des Français en avril 1969.

Revenons-en à 2020 : mieux encore concernant la diffusion de l’information, si un réseau social ou un journaliste « dissident » (au sens qui émet une opinion contraire à celle de la bien pensance) émet un avis contraire ou suggère une option un tant soit peu différente, il ne peut s’agir que d’une fausse nouvelle, pardon d’une fake news ou d’une infox comme il se doit de dire maintenant. Vous n’êtes pas interdit de publier mais de toute façon, vous mentez… et vous risquez même désormais d’être condamné si Facebook vous signale. On ne dénonce plus (ça, c’est un terme pour les gens de droite), on signale.

Il est loin le temps où les journalistes constituaient le quatrième pouvoir, en référence à nos trois pouvoirs institutionnels. Maintenant, les médias sont devenus quasiment officiels et le confinement vient ajouter à ce phénomène lié à ce que l’on a appelé le « politiquement correct ».

Il est devenu impossible (pas interdit, mais impossible) de prétendre que le pouvoir dit tout et son contraire, gère mal la crise sanitaire, que la France manque de masques et de tests… Tout est normal, tout va très bien.

En revanche, la gestion de crise en Italie, et pis encore en Russie et horresco referens, aux États-Unis de Donald Trump, c’est immonde…

Il faut entendre les médias parler des États-Unis. On aurait presque envie de revoir les glorieux Obama et Clinton, au temps où l’Amérique guidait le monde. Entendre quasiment les journalistes de France se réjouir des trois millions de chômeurs américains, sachant qu’un Président n’a jamais été réélu, outre-Atlantique, lorsqu’une crise économique apparaît… On sent ce besoin de dénigrer, de dénaturer, l’objectif n’est pas d’informer, mais de faire battre Trump. Et la joie de le voir battu fait largement oublier les décès liés au Covid-19 aux États-Unis. En même temps, je ne suis pas persuadé que nos médias soient suivis au Texas ou en Floride…

Cette manipulation de l’opinion ne vaut pas que pour Trump, mais aussi pour le Royaume-Uni, l’Inde ou le Brésil. Bref, quasiment toute la planète, puisque j’ai déjà cité la Russie précédemment. Cette opération, quasiment xénophobe, permet de mettre en valeur le travail de Macron, seul homme d’État estimé efficace…

Tout cela porte un nom, la propagande. Il est facile d’appliquer ce terme aux régimes totalitaires ou tout devient propagande. Mais que font actuellement les porteurs d’information français que de la propagande ?

Il est devenu impossible (pas interdit) de contester tout acte de l’exécutif. Certes, ce n’est pas interdit mais toute personne s’y essayant est forcément et systématiquement discréditée. Le discrédit naît soit de la propre nature du média (c’est Marine Le Pen qui l’a dit, donc…), soit parce qu’il ne correspond pas aux règles (le docteur Raoult est contesté par la plupart de ses confrères, donc il n’est pas compétent). Sortir du jeu imposé par les médias, c’est devenir un diffuseur de fausses nouvelles, passible du Code pénal depuis la proposition de loi de la députée En marche ! madame Avia, souvenez-vous celle qui mordait une oreille à un artisan taxi tout en refusant de lui régler sa note.

Macron et son parti, LREM, n’ont même pas besoin de donner des ordres. D’ailleurs, est-il capable d’en donner, ce président élu par défaut ? Mieux encore, les médias sont soumis d’eux-mêmes au pouvoir. C’est la force de la démocratie, vous ne trouverez aucune preuve de soumission des médias vis-à-vis du pouvoir, cette subordination politique se fait naturellement, il y a même des écoles de journalisme pour cela…

Cette allégeance médiatique au Système atteint, en cette période troublée, son paroxysme.

Le secret du bonheur, ne rien voir, ni dire, ni entendre, deviendrait volontiers un dogme vital pour qui vivrait en autarcie.

Un dernier exemple s’il en était besoin : le Code du travail modifié, mais il fallait le faire « coûte que coûte » assène encore France-infos ce dimanche 29 mars. Que voulez-vous répondre à cela ?

Citoyens, dormez tranquille, le 4e pouvoir est au pouvoir. Ou plus exactement devant sa porte. Juste à terre, allongé.