L’AELE, UNE AUTRE EUROPE ?

par Franck BULEUX

L’Association européenne de libre-échange (AELE) est une association d’États visant à établir une zone de libre-échange en Europe. Fondée en 1960, elle s’est plusieurs fois élargie jusqu’en 1991, mais a progressivement perdu des membres en 1973, 1986 et 1995 lorsque ceux-ci ont intégré l’Union européenne. Ainsi, il y a toujours eu des flux entre l’Union et l’Association, mais le plus souvent au profit de l’institution créée en 1957 à Rome.

À ce jour, elle ne regroupe plus que quatre nations : la Norvège, l’Islande, la Suisse et le Liechtenstein. Cette structure pourrait évoluer avec l’éventuelle adhésion du Royaume-Uni, désormais libre de ses obligations avec l’UE. L’AELE fut initialement conçue comme une organisation purement économique et intergouvernementale. Il s’agissait d’instaurer une organisation de coopération dans laquelle les États membres conservent leur souveraineté sans aucun transfert de compétences. La structure est donc traditionnelle, sans volonté de supranationalité, ni de fédéralisme sous-jacent. Une institution qui permet donc d’unir des États sans les réunir.

J’avoue ne pas avoir lu, nulle part à ce jour, cette idée qui permettrait de dynamiser l’AELE : l’entrée des Britanniques en son sein.

L’entrée des Britanniques au sein de l’AELE aurait un double, voire un triple objectif :

  • d’abord, la création d’une structure européenne concurrente à celle de l’UE, qui pourrait favoriser une forme de soupape, c’est-à-dire de démission(s) de l’Union vers l’Association. Ainsi, le Brexit deviendrait un modèle, au sens d’une modélisation du système et d’autres pays qui goûtent peu la politique des Vingt-Sept ne se sentiraient pas isolés, cela permettrait une dédiabolisation du Brexit et une normalisation de départs de l’Union (départ prévu dans le traité de Lisbonne) ;
  • ensuite, la volonté de nouvelles alliances : l’Islande, lors de ses déboires financiers du début du siècle, n’a pas reçu d’aides de l’Union malgré ses demandes ; depuis, elle a retiré sa candidature dans l’UE. La Norvège a toujours refusé, y compris par référendum, de rejoindre l’Union (l’esprit d’indépendance des hommes du Nord peut-être, fondateurs de la Normandie). Le regroupement de pays européens pourrait créer une dynamique et de nouveaux accords bilatéraux (entre l’AELE et un pays-tiers) pourraient voir le jour en matière économique ;
  • enfin, l’attractivité du nord de l’Europe : la Norvège, l’Islande et le Royaume-Uni représenteraient une colonne vertébrale pour cette AELE et il ne vous a pas échappé qu’il s’agit de nations issues du Nord de notre Vieux Continent (comprendre cette expression au sens de continent primordial au niveau civilisationnel) et l’esprit européen doit s’enraciner aussi vers le Nord ! L’Europe des origines, ce sont des esnèques, des bateaux de commerce et de combat qui partent vers l’aventure, vers la découverte. Le temps où Islandais et Norvégiens découvraient et parcouraient le continent américain est bien antérieur à celui de Christophe Colomb.

Ouvrir l’Europe, la rendre attractive tout en redécouvrant ses racines, pourquoi ne serait-ce pas le rôle des Britanniques à travers l’AELE ? Il existe des outils internationaux, pourquoi ne pas s’en servir ? Et puis, face aux graves enjeux politiques, économiques, culturels et sanitaires qui nous menacent, voire nous accablent, c’est d’une Europe plurielle dont nous avons besoin, pas d’une Europe monopolisée par le couple Merkel-Macron.

Alors, les Britanniques, chiche ?