LE CINÉMA FRANÇAIS EN UNE GÉNÉRATION : DE KASSOVITZ A LADJ LY

par Franck BULEUX

Le prix du meilleur film français (les fameux César) a donc été décerné au film Les Misérables du Français d’origine malienne, Ladj Ly. Ce dernier a l’outrecuidance de s’approprier (vous connaissez le fameux thème de l’appropriation culturelle de la gauche intellectuelle…) le titre d’un chef d’œuvre de Victor Hugo puisqu’il n’y a plus de droits d’auteur à verser et parce qu’il termine cette fiction sur une citation des Misérables : « Mes amis, retenez ceci : il n’y a ni mauvaises herbes, ni mauvais hommes, il n’y a que de mauvais cultivateurs. ». Cette appropriation culturelle, insupportable pour les uns (Voyez-vous un Blanc incarner Mandela ? Non, car les intellectuels de gauche y verraient de l’appropriation culturelle, par contre Omar Sy joue le rôle d’Arsène Lupin… Vous savez le héros de… Leblanc, Maurice Leblanc).

Cette fiction policière, revenons-y, est inspirée par des violences policières filmées par Ladj Ly himself. On peut donc considérer qu’il s’agit plus d’un film militant, de « banlieue » (comme il se doit d’être dit et inlassablement répété) que d’une fiction, comme cela est pourtant indiqué dans la présentation, le pitch du film. C’est le premier long métrage de Ladj Ly, la quarantaine tout juste passée, tant passionné par la banlieue, le football (le film démarre après la victoire de l’équipe de France de football en 2018, ce qui ne fut pas, non plus, une fiction) et… la police. Ah, la police…

Ladj Ly connaît la police et même la justice, le niveau au-dessus. Entre autres, il fut condamné pour complicité « d’enlèvement » et « séquestration » pour des faits remontant à 2009. Heureusement, Ladj Ly a confiance en la justice de son pays car il n’hésite pas, non plus, à déposer plainte. En effet, le magazine Causeur et l’hebdomadaire Valeurs actuelles ayant eu le tort de s’égarer sur les charges retenues contre lui, notre star nationale a saisi la justice. Enlever et séquestrer, oui mais il n’y avait aucune connotation religieuse, ni volonté de tuer lors de ses évènements délictueux. Il est susceptible, Ladj Ly, il faut le savoir, c’est peut-être culturel.

Et puis, dans une société si prompte à critiquer toute forme de machisme, il apprécie probablement les femmes. Sa différence avec Roman Polanski est pourtant essentielle, lui, au moins, le Ladj Ly, a été condamné pénalement. Sinon, pas une seule féministe, Florence Foresti en tête, pour râler du casting des Misérables, strictement masculin à une exception près, se pavanant sur la scène des César…. Vous observerez la photo jointe à ce billet d’humeur.

La critique de la police est devenue aisée puisque le président Macron a posé en janvier 2020, à Angoulême, au salon de la Bande dessinée (BD) avec un tee-shirt dénonçant, là-aussi, les violences policières à travers les balles dites LBD (lanceur de balles de défense). Si le Président n’aime pas la police, non plus, tout semble permis.

Dans cette ligne résolument anti-policière, machiste (quid de la femme en banlieue lorsqu’elle n’est pas soumise à la tradition religieuse familiale ?), patriarcale, la victoire des Misérables se situe dans cette nouvelle France, comme le clament certains rappeurs, sponsorisés par YouTube.

Ce n’est pas en critiquant les mœurs certes déplorables du cinéma (mais que serait Adèle Haenel sans Christophe Ruggia ?) que nous allons retrouver un cinéma national, non hormonisé aux subventions fiscales. Polanski et Ruggia sont probablement de beaux et gros arbres, représentatifs de Griveaux et de Strauss-Kahn en politique, mais la forêt, elle, ne semble guère critiquée.

La forêt c’est la généralisation de l’« esprit de la banlieue », de Mathieu Kassovitz, réalisateur de La Haine en 1995, film qui reçoit, cette même année, trois César, dont celui du meilleur film et du meilleur montage. Une génération après, Ladj Ly confirme l’orientation du cinéma français.

Comme disait le regretté Jacques Martin, « Sous vos applaudissement »…