COVID 19 : L’ARBRE QUI CACHE LA FORET

Par André CHANCLU

C’est vrai que lorsqu’on est loin (de la Chine) on mesure avec grande difficulté les répercussions de ce virus, du moins, pour le moment, mais je pense que cela va arriver insidieusement et que cela risque d’être plus grave, durablement. . 
Je lis sur le sujet, il faut bien le reconnaître, tout et n’importe quoi, c’est une habitude de la presse française, l’une des plus incompéttentes au monde. Ici, en Thaïlande, un des premiers pays touchés par cette saloperie, on touche du doigt directement les retombées économiques directes. Au niveau sanitaire, le pays a pris ses précautions depuis le début, donc, il y a très peu de malades et puis, les touristes chinois sont restés chez eux (près de douze millions attendus cette année ce qui entraîne une véritable perte sèche pour le pays). La transmission virale s’en trouve limitée mais cela augmente les craintes de voir ce pays basculer dans une crise sociale gravissime. Les Asiatiques ont toujours eu un réflexe de défense par rapport à ce qui vient de l’extérieur, donc, il se sont protégés immédiatement, ce qui est loin d’être le cas pour nos sociétés européennes formées à la sauce bobo du « vivre ensemble », les uns sur les autres, prêt à accueillir la terre entière sans précaution.

La première compagnie aérienne thaïlandaise (Thaï Airways) était au bord du dépôt de bilan en décembre alors qu’en sera-t-il après une saison catastrophique qui devait remettre sur pied le fleuron économique du pays ?
Le pays avec un baht (monnaie du pays) trop fort vivait déjà très difficilement, le pouvoir d’achat était trop haut pour une population vivant souvent en dessous du seuil de pauvreté. Les autorités avaient misé sur une bonne saison 2019 (de décembre à avril) dont tous les indicateurs étaient au vert. L’activité touristique (première du pays) est aujourd’hui atone. 
Les hôtels sont à moitié vides, les pertes commencent à se chiffrer en milliards. 

Seuls les Français et les Russes semblent s’être déplacés cette année au pays du sourire, mais ils sont très loin de faire fonctionner la machine, le régime des visas ayant d’ailleurs été créé pour favoriser l’immigration saisonnière chinoise et non européenne, le fiasco est patent. Un ami me disait hier que Bangkok, pourtant caractérisée par ses embouteillages endémiques, avait changé, on y roule sans encombres, signe palpable que tout semble figé, un peu comme avant un tsunami ou une secousse tellurique de grande ampleur.
L’Asie est percutée de plein fouet. Hier encore, son dynamisme était redouté par les puissances occidentales, on mesure ainsi l’extrême fragilité de ce monde qui ne repose, en fait, que sur un fêtu de paille.

Une belle campagne médiatique, une maladie dont on ne connait ni les tenants et encore moins les aboutissants et le colosse aux pieds d’argile vacille, l’ensemble de la planète tousse, les places boursières ont la fièvre (qui n’est pas du samedi soir), alors cette trouille à l’échelon mondiale sera-t-elle de courte durée ?

J’ai des doutes, même si je ne crois pas trop aux prédicateurs de mauvaises nouvelles qui, depuis quelques années nous annoncent doctement le krach du siècle pour demain. La dépendance de l’activité industrielle mondiale avec la Chine et l’Asie en général est trop importante aujourd’hui pour n’avoir aucune répercussion directe. Nous le savons nos usines ne fabriquent plus rien et ce, depuis belle lurette, elles ne font qu’assembler ce qui vient d’Asie et servir de plate formes logistiques, belle terminologie encore pour indiquer zones d’entreposage, mais s’il ne vient plus rien ? Il y a encore un peu de stock, mais jusqu’à quand ? 

La consommation de nos pays assoiffés de tout et de rien n’a pourtant pas ralenti. Les entreprises chinoises sont à l’arrêt depuis près de deux mois sans aucune activité et cela ne semble pas repartir comme avant, il reste encore de nombreuses zones d’ombre, le pays du Milieu sait parfaitement mettre un drap sur ce qui ne doit pas être vu et su. L’ultra libéralisme va-t-il prendre la dérouillée de sa vie en s’étant acoquiné avec un pays communiste et les faire sombrer tous les deux en même temps dans le néant en nous entraînant dans leur délire de gagner toujours plus au meilleur coût ? Rendez-vous à la prochaine séance ».