Par Franck BULEUX
Il y a bien longtemps que le thème de la famille ne fait plus partie des sujets politiques de nos politiciens contemporains. De fait, le sujet de la retraite qui semble mobiliser de nombreux citoyens ne laisse pas de place à la famille. Et pourtant ?
Jusqu’en 2010, seules les mères bénéficiaient de 8 trimestres de retraite par enfant. Ces trimestres de retraite étaient accordés pour chaque enfant, sans plafond, pour la maternité et pour l’éducation de l’enfant. Les règles de l’Union européenne étant passées par là, pour tout enfant né depuis 2010, les parents peuvent se répartir les trimestres supplémentaires accordés en contrepartie de l’éducation, soit 4 sur 8. Il en reste donc 4 pour la mère et 4 à se répartir entre le père et la mère. Dans la réalité, malgré cette réforme issue du droit européen, les femmes conservent 8 trimestres par enfant si aucun choix n’a été établi entre le père et la mère avant les 4 ans et demi de l’enfant. Il ne s’agit pas ici de trimestres cotisés mais accordés. C’est bien ce qui pose problème…
La réforme du duo exécutif Macron-Philippe supprime clairement ce droit, puisqu’elle favorise un système universel exclusivement à points, chaque euro gagné permettant d’acheter le même nombre de points. Ainsi, il ne peut plus y avoir de trimestres accordés non cotisés. Ce système universel semble oublier les femmes et la maternité. Sans doute la parité en matière politique est-elle plus importante. Le fait qu’il y ait autant de conseillers municipaux femmes que de conseillers municipaux hommes est probablement essentiel à notre démocratie, ce quota lié au genre sexué en appellera probablement d’autres dans les années à venir, mais c’est un autre débat.
Le gouvernement, pour éviter une controverse, prévoit une autre disposition ; puisqu’il n’est pas possible de concéder un certain nombre de trimestres par rapport à un critère objectif (celui de la maternité), il s’agira de se partager 15 % (pour un des deux parents, ou à moitié moitié, soit 7,5 % chacun). En l’absence de décision explicite du couple sur la répartition de cette majoration dans les 4 ans suivant la naissance, les points supplémentaires bénéficieront par défaut à la mère (et ce, dès le premier enfant) afin d’éviter que l’avantage soit accaparé par les pères, ce qui est un vrai risque puisqu’ils gagnent en général encore plus que les femmes et que l’avantage est d’autant plus conséquent qu’il est attribué à la pension la plus élevée. Les femmes bénéficieront en revanche d’une majoration de 5 % de leurs points par enfant dès le premier bébé, soit 10 % pour 2 enfants, 15 % pour le 3e, etc. Cet avantage pourrait être plafonné à partir d’un certain nombre d’enfants encore à définir. Mais rappelons-le, cette majoration n’est pas réservée aux femmes mais, a priori, à partager au sein du couple.
Toutefois, cette majoration de la pension de retraite existe déjà puisque chaque parent bénéficie de 10 % d’une augmentation de sa pension s’il a élevé au moins trois enfants. Le futur système, s’il permet une majoration dès le premier enfant (de 5 %), ne permet plus d’augmenter le nombre de trimestres, qui permettait à de nombreuses femmes de dépasser le nombre de trimestres requis pour bénéficier d’une retraite complète.
Ainsi, le bilan est sévère pour les femmes, dont la maternité est un des piliers de leur vie : terminés les trimestres supplémentaires et le partage a priori de l’augmentation des pensions !
Cette suppression de trimestres complémentaires ne touche pas que les mères de famille, mais cette mesure est emblématique d’une société dont le féminisme n’est qu’une parodie de revendications politiques dont la finalité est la mise en cause systématique d’une société qui nie tout système fondé sur la Nature.
En ce sens, le gouvernement est bien « de gauche ». Si l’aspect économique peut séduire un électorat libéral (on l’a vu lors des élections européennes), ses prises de positions en matière sociétale ne laissent aucun doute quant au progressisme de ses prétentions. Aucune mesure ne se fait en faveur des familles. L’impôt à la source est un préalable à son individualisation, le quotient familial a déjà été plafonné. En matière d’enfants, aujourd’hui la PMA, demain la GPA semble être le slogan des sommités intellectuelles pour créer la famille non traditionnelle.
Cette réforme de la retraite tend à prouver, une nouvelle fois, l’oubli du noyau familial traditionnel. Cette politique, défavorable à la famille ou à tout le moins indifférente à celle-ci, produira les effets que nous connaissons déjà : si les forces vives de la nation ne sont pas issues de notre patrie, elles viendront d’ailleurs. En effet, ailleurs dans l’hémisphère sud, il n’est nulle question de contrôle des naissances, tout ces mesures sont spécialement faites pour les pays occidentaux.
Quant aux syndicats emmenés par Martinez et Berger, je n’ai pas entendu, ni vu de pancartes réclamant le retour des trimestres pour la maternité. En revanche, il est bien compris qu’en cas de délégation syndicale du salarié, ses droits seront maintenus. L’essentiel est sauf.