LES ELECTIONS DE NOVEMBRE EN ESPAGNE

de notre correspondant, Jordi GARRIGA

Après les élections du 28 avril, la situation pour former un gouvernement en Espagne a été bloquée, principalement parce que le parti gagnant, le parti socialiste, était loin de pouvoir gouverner sans former de coalition ni au moins le soutien parlementaire d’un ou de plusieurs partis. Les partis conservateurs et libéraux l’ont totalement bloqué, le groupe Podemos de Pablo Iglesias a exigé des choses que les socialistes considéraient comme inacceptables et le reste des partis nationalistes ont poursuivi leurs demandes stériles.

Lors de la convocation de nouvelles élections, Pedro Sánchez a probablement cru choisir le moindre mal, car toute alliance parlementaire se présentait comme très fragile. En outre, les sondages lui ont donné une plus large majorité si on votait de nouveau.

Les résultats après le 10 novembre n’ont fait qu’aggraver sa situation, avec la perte de députés et de sénateurs, la récupération du principal parti d’opposition (PP) et la montée de VOX, qui est devenu la troisième force politique du pays. Ciudadanos, l’un des partis les plus en vue dans les campagnes précédentes, a été touché à mort après une chute spectaculaire qui le fait passer de 57 à 10 députés en seulement six mois …

Les chiffres sont les suivants:

Le Parlement espagnol compte 350 sièges et le Sénat 208 :

– PSOE (socialistes): passe de 123 à 120 députés et de 121 à 93 sénateurs (il perd donc la majorité absolue au Sénat).

– PP (centre-droite): passe de 66 à 89 députés.

– VOX (droite radicale): passe de 28 à 52 députés. (Les 28 députés étaient les premiers de leur histoire il y a 6 mois).

– Unidas Podemos (gauche radicale): passe de 33 à 26 députés (son plafond était de 71 députés il y a 3 ans).

– ERC (séparatistes de gauche catalane): passe de 15 à 13 députés.

– Ciudadanos (libéraux): passe de 57 à 10 députés (perdant ainsi 60% des voix, les 57 députés d’il ya 6 mois ayant été son plus grand succès).

– Le reste des partis ont 40 députés, sur lesquels on peut remarquer les 3 députés obtenus par Más País, une scission de Podemos et les 2 députés de la CUP séparatiste d’extrême gauche catalane.

La participation a diminué de 2%.

Il est donc évident que les forces de droite ont été renforcées par la mauvaise gestion du gouvernement socialiste, qui l’a contraint à conclure un accord préalable du gouvernement en 48 heures à peine avec le parti de Pablo Iglesias, bien que tout reste à voir. Tous les scénarios sont ouverts et une grande instabilité dans la politique espagnole pourrait conduire à court terme à de nouvelles élections, à une chute de nouveau totale du gouvernement.