par Michel LHOMME
Franck Buleux nous entretenait dimanche dernier sur la privatisation de la Française des Jeux (https://metainfos.com/2019/11/04/francaise-des-jeux-versus-pma-contre-le-libertarisme/). On l’aura compris le gouvernement français est en faillite, au bord de la cessation de paiement comme l’était la Grèce il y a quelques mois (voir à ce propos le dernier film éclairant de Costa-Gavras, Adults in the room, https://youtu.be/evp9lZxSHAw). Il n’est sauvé pour l’instant que par la politique laxiste de la planche à billets de la Banque Centrale Européenne avec ses taux de prêt négatifs et parce qu’il reste encore quelques bijoux de famille à vendre. Mais pour combien de temps ?
La privatisation de la Française des Jeux amènera un milliard de cash à l’État français, nul n’ignore qu’ils seront immédiatement engloutis par la gestion de l’immigration sauvage incontrôlée mais après ? Les Aéroports de Paris ? Nous allons y revenir car ce qui frappe surtout c’est que parallèlement à cette politique irresponsable du court terme (souvenons-nous de la privatisation des autoroutes qui a privé l’État français d’une manne conséquente et régulière), l’État sacrifie le long terme : suppression de l’observatoire de la délinquance, du bureau de la prospective de l’Éducation nationale, du plan de recherche pour l’avenir du nucléaire français. C’est ainsi tout l’État stratège qui en même temps que les nouvelles privatisations saluées comme on pouvait s’y attendre par la droite devenue macronienne du Figaro (https://www.lefigaro.fr/societes/2018/06/20/20005-20180620ARTFIG00005-engie-adp-et-francaise-des-jeux-la-bonne-nouvelle-des-privatisations.php ) se trouve sacrifiée au renflouement de la dette. On salue par exemple sur les ondes pour vanter le bien fondé des privatisations le modèle d’Engie, modèle de développement durabble qui se serait adaptée à la modernité contrairement à EDF car privilégiant les énergies renouvelables sans relever au passage que la démagogie d’Engie répond non pas à la grande politique mais à l’idéologie dominante des clients du moment et qu’une telle idéologie soit disant écologique est proprement suicidaire pour l’avenir de l’électricité française, garantissant pour demain par les éoliennes et le solaire non seulement l’enlaidissement du paysage français mais des coupures certaines de l’approvisionnement électrique et surtout un prix de l’électricité qui deviendra exorbitant alors que grâce au nucléaire il est actuellement le plus bas d’Europe.
ADP (Aéroports de Paris) est un société détenue majoritairement par l’État. Dans une démocratie, l’État administre les entreprises qui relèvent de son domaine dans l’intérêt général et confirme en cela la légitimité qu’il tire du suffrage universel. Le gouvernement, et les administrateurs qui obéissent à ses injonctions politiques, ne sont pas possesseurs des entreprises publiques. Ils assument la gestion de biens qui appartiennent à la collectivité nationale. Il faut donc le répéter : privatiser, c’est d’abord déposséder les citoyens, nous déposséder, nous faire les poches, nous dépouiller et même, c’est surtout la dépossession de ceux qui n’ont rien.
Après les nationalisations de l’après-guerre, les plus pauvres des citoyens français possédaient en effet collectivement des banques, des compagnies d’assurances, des compagnies aériennes, des industries comme Renault, Péchiney, des ports et ses aéroports. Après 1986, sous Chirac et Jospin, la drauche, main dans la main, a opéré sous divers prétextes – mais parce qu’avant tout, elle ne savait pas gérer la nation et dépensait à tout va pour tout ce qui n’était pas national – un gigantesque transfert de capital, du domaine public vers le privé, en bref une spoliation citoyenne. La dite efficacité des privatisations a plombé l’économie française au point de la déinsdustrialiser complètement, faisant sombrer de nombreuses entreprises ou les faisant passer sous contrôle étranger – Total, Péchiney, la BNP – avec tous les scandales financiers qui eurent lieu avec ( délits d’initiés, Crédit Lyonnais). Cette dépossession juridique de l’État français a entraîné l’appauvrissement collectif que tous constatent et relèvent aujourd’hui. Or la classe politique continue de plus belle aujourd’hui la logique de la dépossession et la politique de l’appauvrissement. Elles sont particulièrement à l’œuvre dans la privatisation d’Aéroports de Paris.
ADP est en effet la première société aéroportuaire au monde qui verse chaque année à l’État français entre 100 et 200 millions de dividendes. Le gouvernement d’Édouard Philippe accepte donc en toute conscience de priver l’État de recettes assurées et pire, prévoit d’indemniser les actuels actionnaires minoritaires et d’accorder au secteur privé une concession de 70 ans au terme de laquelle il s’engage même à indemniser les propriétaires ! Autrement dit nous gagnons de l’argent avec ADP et on nous annonce indirectement qu’on paiera pour privatiser puis qu’on paiera demain à nouveau pour éventuellement renationaliser !
Qu’importe, pour les sociétés capitalistes, l’opération s’avère énormément juteuse, peut-être même plus que celle de la FDJ car le groupe ADP est surtout riche d’un capital foncier unique et convoité : 6 700 ha en région parisienne c’est en effet de la spéculation assurée, des projets urbanistiques à l’oeuvre sans bien sûr aucun souci écologique. Quant à l’état stratège, Édouard Philippe n’y pense même pas. Il sait déjà depuis longtemps que la France n’a plus de frontières alors à quoi bon les protéger ou se donner les moyens matériels de les défendre car les Aéroports de Paris, c’est aussi bien évidemment le contrôler des frontières, de millions de voyageurs chaque année en pleine menace terroriste et islamisation du pays. Certes, la Police et les Douanes ( ou ce qu’il en restera après l’automatisation des contrôles actuellement en voie de généralisation!) ne cesseront pas d’opérer dans les aéroports privatisés mais en étudiant au plus près les coûts indus c’est-à-dire en faisant forcément des économies d’échelle partout et en particulier sur les équipements de sécurité tout cela pour maximiser bien sûr les profits, ce qui est la logique commerciale de toute entreprise privée.
Une pétition a été lancée contre la privatisation des aéroports de Paris. Il n’y est faite bien évidemment aucune publicité.
Mieux, pendant les débats sur la loi Pacte à l’Assemblée nationale et au Sénat, 218 parlementaires appartenant à diverses formations de droite et de gauche ont lancé la procédure du Référendum d’initiative partagée en signant, selon l’article 11 de la Constitution, une proposition de loi référendaire qui permet d’organiser la collecte de signatures de soutien. Il faudrait réunir 4,7 millions de signatures soit le dixième des électeurs inscrits. La campagne a commencé le 13 juin et dure neuf mois :