Par Jordi GARRIGA
Ce mardi en Espagne, sur la place principale de la ville de Cadrete dans la province de Saragosse, on a pu assister au retrait du buste dédié à l’ancien calife de Cordoue, Abderraman III. L’initiative en revient au nouveau premier adjoint au maire de la ville, issu des rangs du parti VOX. L’argument justifiant ce retrait est que cette sculpture divise les citoyens et qu’elle ne représente pas suffisamment la population de la petite ville.
Immédiatement, les premiers à protester contre cette action ont été les conseillers de l’opposition, soit les gauchistes et les nationalistes aragonais, qui ont qualifié la mesure de “ grave et d’intolérable », de décision arbitraire à connotation « raciste et haineuse ».
L’emplacement de ce buste avait été justifié à l’époque par la construction du château de la ville sur ordre direct d’Abderraman III, château qu’il fit construire afin de soutenir le siège qu’il avait fait en 935 contre les autres musulmans de Saragosse, qui ne voulaient pas obéir à l’homme alors le plus puissant de la péninsule.
Évidemment, cela doit être l’événement historique le plus marquant de l’histoire de Cadrete. Toute référence à la statue d’un personnage aussi illustre est certainement justifiée d’un point de vue historique. Mais… pourquoi la gauche et les séparatistes nationalistes ont-ils cette fois-ci protesté avec tant de colère, aux qui sont si férus d’habitude du déboullonage des statues des grands hommes (Franco et Collomb) et de l’enterrement dans le silence des tyrans du passé? Il est évident qu’ils ne s’intéressent ni à l’histoire ni au patrimoine, mais qu’il ne s’agit là encore que d’une campagne de propagande anti-espagnole, utilisant pour le cas présent la figure controversée d’Abderraman III.
Or qui était Abderramán III? Ce fut le dernier émir de Cordoue et son premier calife, régnant pendant cinquante longues années (plus que Franco), en dehors de toute visée démocratique. Il est né en 891 et est décédé en 961. Il y a plus de mille ans …
Une chronique de son temps décrivait ainsi son mandat: « Il a conquis l’Espagne ville par ville, exterminé ses défenseurs et les a humiliés, a détruit leurs châteaux, a imposé de lourds impôts à ceux qui étaient restés en vie, les humiliant, par la nomination de cruels gouverneurs qui imposaient aux régions leur totale obéissance et réduisaient à la soumission tous les rebelles. » La mention du texte fait référence à l’Espagne alors qu’il s’agit de la région musulmane, on peut donc en déduire qu’il mit à bas toute visée séparatiste et était terriblement centralisateur. Mauvais exemple pour un régionaliste national !… Certes, il n’a pas pu dominer les royaumes chrétiens du Nord, mais il a fait du califat de Cordoue l’État le plus puissant de l’Occident.
Ses ancêtres étaient autochtones puisqu’il n’était en fait qu’arabe pour un quart, étant le fils d’une basque. Sa peau était blanche, ses cheveux blonds, ses yeux bleus. C’est du coup un autre exemple de la fausseté de la mythologie multiculturelle et multiraciale de l’Espagne: les Arabes qui sont entrés dans la péninsule ne se sont mêlés à personne, d’abord, parce que les races, les peuples et les cultures ne l’ont pas fait ensuite, et ensuite tout simplement parce que appartenant aux hautes castes, ils ne se mêlaient qu’avec les leurs ou avec des étrangers également appartenant à la caste supérieure, qui constituait alors la minorité. Dans la péninsule, presque tous les musulmans étaient issus de convertis hispano-romains et rien de plus, n’en déplaise aux amis du grand métissage d’Eurabia, la moderne !
Ce monsieur, dont la mémoire est aujourd’hui si défendue par la gauche (parce qu’il n’était pas chrétien, bien sûr), usurpa le trône comme le berger de Gygès; il se saoulait tous les jours; il viola et maltraita les concubines de son harem; il les tortura et même en assassina quelques unes; il a publiquement tué son fils dans le plus pur style mafieux; il jetait les lions sur les condamnés à mort … En tout, on lui attribue dix-neuf fils et seize filles (et bien sûr en bon polygame, pas avec la même femme). C’est donc un parfait modèle pour les alliés féministes.
Bien sûr, on me dira que cela s’est passé au Xe siècle, il y a mille ans, et que l’époque était différente et que nous ne devrions pas juger ces faits avec notre mentalité actuelle.
Ah mais que fait la gauche, camarade, tout le long de l’année si ce n’est détruire en permanence l’Histoire ?
Je peux ici rappeler le sénateur Carles Mulet, de l’organisation gauchiste proche de PODEMOS, “Compromís”, qui, il y a un an à peine, qualifiait la « Reconquista » de « mythe franquiste ». C’est le niveau atteint par la gauche hispanique: tout ce qui semble chrétien et espagnol est forcément “franquiste”; tout ce qui semble musulman et multiculturel, est cool et “moderne”, même si c’est un homme qui a décapité une esclave parce qu’elle n’a pas voulu se laisser violer, et une autre dont il aurait fait brûler le visage pour les mêmes raisons (pauvre Franco qui n’a pas même eu la chance de tels jeux sado-maso !).
Ah, attendez, Abderraman a aussi construit la belle Medina Azahara, agrandi la mosquée de Cordoue et réalisé de grands travaux urbains, en plus d’avoir été, nous dit-on, un homme très cultivé. Aux poubelles de l’Histoire, les cathédrales gothiques, aux toits bons à brûler comme celui de Notre-Dame de Paris.
Bref, tandis que la gauche de ce pays passe ainsi son temps à ne faire que l’éloge de tout ce qui semble être anti-espagnol, il y a une droite et surtout une « extrême droite » qui s’élève et qui se redresse et qui fera que dans quelques années, le destin de la gauche espagnole sera très semblable à celle du parti communiste français, le refuge terni de bourgeois bohémes, de progressistes enrichis, d’invertis incultes. Et ensuite, ils passseront sans doute leur temps à insulter les Espagnols en les traitant de “réactionnaires” mais oui, nous sommes la Réaction.