par Michel LHOMME
À Mayotte comme dans le reste du territoire national c’est le Rassemblement National qui arrive en tête mais ici avec un taux record de 45, 6 % des suffrages exprimés suivi des Républicains avec 16,7 % puis en 3ème positon la France insoumise avec 9,2 %, la République en marche, le parti présidentiel n’arrivant qu’en 4 ème position avec seulement 8, 8 % des voix pour une abstention toujours très forte de 71,36 %.
Le vote des Mahorais vient de porter un véritable camouflet au parti du Président de la République qui n’avait pourtant pas ménagé ses efforts ces dernières semaines en envoyant d’abord dans le 101ème département plusieurs ministres dont celui de l’Intérieur puis en mettant la pression quotidiennement par des rafles spectaculaires et inutiles contre les clandestins de l’île, y compris à la porte des établissements scolaires alors même qu’incapable d’assurer la sécurité quotidienne de ses citoyens, la préfecture la délègue maintenant ouvertement à des sans-papiers comoriens revêtus de « gilets jaunes » d’un nouveau type.

Ainsi à Mayotte, malgré tous leurs efforts, les représentants de la République en marche ne sont pas arrivés pas à faire adhérer les Mahorais à leur politique démagogique et laxiste. Quant aux Républicains, on sait bien depuis longtemps sur l’île ce que veut dire l’expression « fausse droite ».
Le lendemain même des élections, ce sont d’ailleurs des Srilankais qui, pour la première fois, débarquaient sur l’île puisque aucune vedette militaire pourtant promise n’opére dans le lagon et qu’aucun radar n’y est en réalité effectif. Avec ces asiatiques, est-ce le début d’une nouvelle filière de l’immigration qui avait par ailleurs quelque peu échoué à La Réunion ?
Quelques jours plus tôt, le 22 mai, ce sont quatre kwassas de migrants africains qui débarquaient, provenant pour la plupart d’entre eux non seulement du Congo mais aussi du Burundi, Mayotte étant devenu depuis quelques mois un port d’arrivée normal pour les clandestins originaires d’Afrique continentale, de la région en guerre des grands lacs. Tous demandent en général l’asile, procédure qui les rend de fait inexpulsables dans l’immédiat.
La politique laxiste du gouvernement a donc été lourdement sanctionnée à Mayotte sur la question migratoire mais reste aussi à côté de la question migratoire, l’opération en cours plus ou moins secrètement, d’un largage en douceur de Mayotte à travers un toilettage institutionnel du 101ème département dont les Mahorais ne sont pas dupes.
C’est ainsi qu’hier, lors de la cérémonie d’investiture du Président comorien Azzali, dans le stade flambant neuf de Moroni construit par les Chinois, le Président comorien qui brigue un troisième mandat dans un discours brillant a évoqué par deux phrases ses conversations privées avec Macron et l’évolution en cours d’un retour de Mayotte dans la République des Comores avec un statut particulier dans l’archipel, en une sorte de co-état associé comme voté récemment en Polynésie française. Les médias mahorais n’en ont soufflé mot mais cela confirme qu’on assiste bien en tout cas à des manœuvres en coulisse menées sans doute par Le Drian de modification du statut institutionnel du 101ème département au sein de la République pour en finir avec l’immigration clandestine, le visa Balladur et l’impasse de la présence française considérée internationalement comme illégitime dans l’île.
Et si la France finalement était en passe de tout perdre aux Comores ?
Arrivé à Mayotte ce mardi 21 mai à bord d’un Kwassa en provenance de l’Union des Comores, Hassani Hamadi l’ex gouverneur de l’île de la Grande Comore est parti dans la foulée à destination de Paris à bord d’un vol de la Compagnie Air Austral. Un vol qui a accusé un retard de 26 minutes au départ de l’aéroport de Pamandzi pour permettre au gouverneur qui fuyait clandestinement un mandat d’arrêt du gouvernement comorien de s’acquitter des formalités de départ en dernière minute puisqu’à son arrivée le vol était déjà fermé à l’enregistrement. Ce qui veut bien dire qu’il a fallu une intervention venant de haut lieu (du Quai d’Orsay) pour que le commandant de bord accepte de partir avec du retard pour permettre à l’homme politique comorien de quitter Mayotte avec deux de ses hommes de main, Michel Said et Mihidjahi Bourhane. La France a donc apporté ici clairement un soutien à l’opposition comorienne en violation de ses positions de neutralité politique dans les affaires d’un pays indépendant d’autant que ses trois comparses de l’opposition comorienne sont soupçonnés de corruption à très grande échelle. L’administration française est donc intervenue dans l’urgence pour régulariser leurs documents de voyage. Arrivés à Paris, les trois opposants ont d’ailleurs immédiatement intégrer le CNT, le Comité National de Transition.
L’Arabie Saoudite, l’Union Africaine, la Chine, l’Etat mauricien, le Maroc ont tous reconnu le caractère démocratique du déroulement des élections comoriennes et ils étaient représentés au plus haut niveau lors de l’investiture du Président Azali Assoumani le 22 mai. La France n’y était discrètement présente que par son ambassadrice. Dans le discours d’investiture, Azali a tracé une feuille de route pour faire des Comores un pays émergent aux horizons de 2030, appelant à la réconciliation nationale avec l’opposition. Il a parlé du pétrole, la nouvelle richesse pleine de promesses des Comores et rappelé que personne ne viendrait les piller confirmant que l’exploitation se ferait lentement. Autrement dit sans les Français ?
Finalement et c’est un comble, la France risque d’avoir depuis des années investi pour rien aux Comores qu’elle perdra tôt ou tard sans aucune compensation parce qu’elle n’a eu dans l’Océan Indien aucune politique internationale cohérente, aucune vision stratégique, aucun investissement cohérent sauf celui d’envoyer des millions d’euros en petite coupure à Mamoudzou pour avoir la paix sociale et payer en sous-main les reconduites inutiles de la Paf à la frontière ou glisser comme il y a quelques jours dans des containers quelques ambulances obsolètes, vieillies et défraîchies qui font bien rire sur place à Moroni les Chinois ou les Saoudiens.

le 26 mai 2019 au nouveau stade de Moroni