Par Franck BULEUX
Jeudi dernier, sur la principale chaîne publique nationale en matière d’audience, a eu lieu le premier débat entre douze prétendants à la tête d’une liste en vue des prochaines élections européennes.
La réforme du mode de scrutin favorise ce type de débat. Nous sommes ainsi revenus au modèle initial de 1979 qui voyait débattre les ténors Chirac-Veil-Mitterrand-Marchais, la fameuse « bande des quatre » que Jean-Marie Le Pen vilipendait déjà.
À deux mois du scrutin, France Télévisions a eu des difficultés (il y eut des recours de certains pour y être…) à établir une liste exhaustive, sans certains ténors d’ailleurs comme l’ancien candidat à la présidence de la République et député national, Jean Lassalle par exemple, ni la troupe des trotskistes que la France affectionne à chaque élection (jusqu’à trois listes distinctes lors de certains scrutins entre Lutte ouvrière, le Nouveau parti anticapitaliste qui a succédé à la LCR de Krivine et les lambertistes du Parti ouvrier indépendant, le POI). Bref, pourquoi François Asselineau par exemple et pas le député Jean Lassalle ? Comme nous ne sommes pas en période strictement électorale, c’est le libre choix de France 2. Ce choix est contestable car même l’ancien député et fossoyeur électoral du PS (6 % lors de l’élection présidentielle de 2017), Benoît Hamon, n’est même pas certain de mener une liste.
Ce qui a surtout marqué ce débat à 12, c’est un chiffre, celui de « 18 millions ». Ce chiffre provient de la tête de liste des Amoureux de la France, Nicolas Dupont Aignan, député de l’Essonne. Le président de Debout la France a évoqué ce chiffre en voulant indiquer le nombre de migrations global au sein de l’Union européenne. En lançant ce chiffre, certaines autres têtes de liste n’ont pu s’échapper de sourire de manière sarcastique et probablement méprisante.
Qu’en est-il exactement ? Le député Dupont Aignan n’a, en rien inventé ce chiffre. Ce chiffre provient d’Eurostat, structure qui a pour rôle de produire les statistiques officielles de l’Union européenne, principalement en collectant, harmonisant et agrégeant les données publiées par les instituts nationaux de statistiques des pays membres de l’Union européenne, comme l’INSEE pour la France. Eurostat n’est donc pas un outil entre les mains des eurosceptiques, loin s’en faut !
Cela étant précisé, ce chiffre représente toutes les entrées d’immigrants dans chaque pays de l’Union européenne depuis 5 ans, et ce chiffre s’élève même à 20 millions dans la réalité des statistiques européennes. Bien entendu, ce chiffre ne se limite pas aux entrées de migrants venus d’au-delà de la Méditerranée mais aussi des Européens qui changent de pays, qui migrent, par exemple, de Pologne en France. Et alors ?
Pour les mondialistes, tout va bien dans le meilleur des mondes. Mais ces 20 millions de populations migrantes qui, rappelons-le, concernent des populations, pour la plupart, extra-européennes, concernent donc aussi des migrations intra-européennes. Mais cela est-il forcément un signe de bonne santé ? Il n’y a pas, loin de là, que des étudiants qui voyagent de pays en pays, avec Erasmus, il y a aussi, et surtout, des populations qui cherchent un meilleur revenu, de meilleurs conditions de vie, un meilleur avenir… car l’harmonisation de l’Union européenne n’existe pas (ni en droit du travail, ni en coût social du travail, ni en fiscalité…).
Alors, les médias bobos et les têtes de liste dites « progressistes » peuvent se gausser du chiffre évoqué par Nicolas Dupont Aignan. Certes, rappelons-le, il ne concerne pas seulement des migrations extra-européennes mais l’ensemble des migrations. Ceci posé, ce chiffre n’est en rien un élément positif !
Seules la restauration de nos frontières est en mesure de protéger, économiquement et socialement, nos nationaux et l’établissement de frontières réelles européennes sera susceptible d’empêcher ce que l’Eldorado (sic) européen conjugué à la démographie africaine nous réserve.
Oui, le chiffre-choc du premier débat, c’est Nicolas Dupont Aignan qui l’a dénoncé. Mais ce chiffre-là est exclu du Grand débat national, alors il fallait bien qu’il fut prononcé.