Par Franck BULEUX
Les élections européennes de mai prochain auront, au moins, un avantage au sein de la vie politique française, celui du retour, au cœur du débat publique, du plus vieux parti de droite français, le Centre national des indépendants et paysans (CNIP).
Fondé en 1949 par, notamment, René Coty (1882-1962), élu du Havre qui deviendra président de la République en 1954 jusqu’au retour du général De Gaulle, le CNI ajoutera l’épitaphe « paysan » en 1951 avec le ralliement du Parti paysan de Paul Antier (1905-1996), élu du Puy-en-Velay.
Ce parti de droite ne reniera jamais ses positions conservatrices et au sein des droites françaises, de grandes figures (parfois même les plus grandes) firent parties du CNIP : le président Valéry Giscard d’Estaing qui fut élu par l’ensemble des droites françaises contre l’union de la gauche et le paléo-gaullisme, le fondateur du Front national (FN) qui fut député CNIP du quartier Latin en 1958, Jean-Marie Le Pen, l’actuel maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin qui siégea au conseil municipal de la cité phocéenne, dès 1965 contre l’inamovible Gaston Defferre, le « bouffeur de Pieds-noirs »…
En 1983, le CNIP refusa -déjà- et il fut le premier, tout ostracisme et ennemi à droite. Son secrétaire général de l’époque, adjoint au maire de Jacques Chirac à Paris, Michel Junot lança le fameux « Pas d’ennemis à droite » (dans un article publié dans Le Figaro) qui permit à la fin de l’été, de battre, lors d’une élection municipale partielle mémorable, à Dreux, les forces de gauche en inaugurant une union locale RPR-FN-UDF qui obtient plus de 55 % des suffrages exprimés au second tour. La droite rassemblée avait suivi, mis à part quelques individualités, la consigne de vote d’union ; une forme somme toute de discipline nationale pour contrer ce que les gauches unies appellent, depuis des lustres, la « discipline républicaine » et qui, elle, fonctionne…
En 1986, le CNIP, présidé par l’ancien ministre Philippe Malaud, autorisa les alliances à droite, qu’elles soient avec les partis qui formeront, à l’issue des élections législatives, la majorité gouvernementale lors de la première cohabitation, ou au sein des listes du Rassemblement national-Front national (RN-FN). Eh oui, Marine Le Pen n’a rien inventé, le concept de rassemblement national existait déjà dès 1985 et rassemblait des mouvements nationaux comme les Comités d’action républicaine (CAR) de Bruno Mégret ou d’autres. La cohérence de ce « Pas d’ennemis à droite » permit au CNIP d’avoir des députés, dont son secrétaire général, Yvon Briant, dans le Val d’Oise mais aussi le doyen de l’Assemblée nationale, maire-adjoint de Paris, Edouard Frédéric-Dupont.
Depuis, le CNIP a toujours privilégié l’échec de la gauche, marxiste ou social-démocrate, affirmée ou masquée. Ainsi, son président Bruno North appela-t-il, après avoir soutenu François Fillon lors du premier tour de l’élection présidentielle de 2017, à battre Emmanuel Macron au second tour. Comme Nicolas Dupont-Aignan, le CNIP prit ses responsabilités. Quel intérêt pour la France d’appeler, à 20h02, à voter pour l’ancien ministre de François Hollande, l’adversaire politique désigné de tout un quinquennat ?
En 2019, ce même président du CNIP, ancien candidat aux législatives à Paris, se retrouve en 5e position, éligible, sur la liste des Amoureux de la France, emmenée par le député de l’Essonne, président de Debout la France, Nicolas Dupont Aignan. Ce positionnement mérite d’être souligné car il représente l’enracinement de la droite française, les valeurs de la France éternelle, celle pour qui le présent est un pont entre hier et demain.
Outre Bruno North, le CNIP représente les régions françaises, cette représentation territoriale naturelle qui permet à la France d’exister. Ainsi, Huguette Layet, maire de Castellar, petit village perché sur les hauteurs de Menton, dans les Alpes-Maritimes, représente aussi le CNIP à la 18e place de cette liste d’union.
Et Bruno North et Huguette Layet ne seront pas les seuls à représenter le parti des indépendants, le parti d’Antoine Pinay, celui qui refonda la monnaie, le « nouveau franc » !
Archaïque, le CNIP ? Ne vous y trompez pas, il représente les valeurs modernes de la droite des territoires, celle qui a su établir des passerelles entre Français.
Le retour du CNIP dans l’arène politique est une excellente nouvelle, acceptons-en l’augure !