Par Michel LHOMME
L’Équateur a annoncé mercredi 13 mars quitter l’Union des nations sud-américaines (Unasur) ce qui fait qu’aujourd’hui,l’’organisation ne compte plus que cinq membres, contre douze à sa création en 2008.
De l’Union des nations sud-américaines (Unasur), il ne restera donc bientôt plus que le nom. Cette organisation qui rêvait de devenir le pendant sud-américain de l’Union européenne se réveille, début 2019, en ayant perdu plus de la moitié de ses membres. De douze en 2008, ils ne sont plus que cinq, depuis que l’Équateur a décidé de la quitter, mercredi 13 mars. Quito emboîte ainsi le pas à la Colombie, démissionnaire l’an dernier. En 2018, l’Argentine, le Brésil, le Chili, la Colombie, le Paraguay et le Pérou avaient pour leur part suspendu aussi leur participation à l’organisation. Le départ de l’Équateur est de plus un véritable coup de massue puisque l’Équateur abrita le siège de l’organisation, à Quito, sa capitale. Un bâtiment sur lequel d’ailleurs le président équatorien Lenin Moreno lorgnait depuis un moment, et qu’il a annoncé céder à une université privée dans lequel il a des parts pour 43 millions de dollars.
Cette démission intervient dans un contexte de plus en plus délétère pour l’Unasur. La moitié des États membres ne participent pas aux réunions et surtout ne contribuent pas financièrement. Le secrétariat général n’a pas de titulaire depuis plus de deux ans et le personnel a diminué, pratiquement absent.
CHRONIQUE D’UNE MORT ANNONCÉE
« L’Unasur a perdu son sens », assène le directeur de l’observatoire d’Amérique latine de la Fondation Jean Jaurès, Jean-Jacques Kourliandsky. Créée comme un forum régional de dialogue politique à l’initiative d’Hugo Chavez et de Lula, deux poids lourds de la gauche sud-américaine du début des années 2000, l’union avait pour vocation de faire contrepoids à l’Organisation des États américains (OEA) mené par les États-Unis, et de réduire les tensions entre pays. Avec la fin de l’Unasur, c’est donc la gauche latino-américaine qui aussi s’effondre laissant de nouveau place sur tout le sous-continent au pré-carré états-unien. En deux ans, on peut dire que Trump a repris le contrôle de l’Amérique latine (par l’Argentine de Macri et le Brésil de Bolsonaro et la fin annoncée de l’expérience vénézuélienne)
En réalité c’est dès 2012, avec la chute de Fujimori au Pérou toujours incarcéré à Lima que le continent a vu fleurir les gouvernements de droite et de centre droit dans une majorité de pays jusque-là marqués à gauche ou par la troisième voie (cas du Pérou).
L’avènement d’un frère ennemi
Ne restent donc plus dans l’Unasur que le Venezuela, chantre du socialisme bolivarien empêtré dans la crise politique et incapable de nourrir sa population, la Bolivie, le Guyana, le Suriname, deux états mafieux qui vivent d’ailleurs sur le dos de la Guyane française et l’Uruguay.
La fin de l’Union des nations sud-américaines ne signifie pas pour autant celle de toute tentative de coopération interétatique par de grands ensembles, préalable du futur état mondial. Après la gauche, c’est donc la droite ultra-libérale qui entend, à son tour, se doter de son organisation. Son nom ? Prosur. Encore à l’état de projet, Prosurdevrait à terme et peut-être très vite remplacer l’Unasur. Beaucoup moins ambitieux sur le plan politique et géopolitique, Prosur aura surtout pour but de promouvoir le libre-échange entre ces pays, dans le rêve par exemple d’une monnaie commune ou d’une dollarisation finale sauf que la Chine demeure plus que jamais sur le sous-continent tapie dans l’ombre.