Michel LHOMME
Metainfos ne sera inféodé à personne. Que la Russie et la Chine soutiennent scandaleusement le Venezuela, pays où l’on meurt de faim au nom du peuple, où l’on assassine et liquide dans les rues les opposants, que certains sites puissent défendre le régime chaviste au nom d’un néo-bolchévisme des plus abjects (https://www.les-crises.fr/coup-detat-comprendre-la-nouvelle-offensive-contre-le-venezuela-par-romain-migus/) nous met dans une colère noire car nous connaissons personnellement le pays, nous avons rencontré et discuté longuement avec les exilés vénézuéliens du Pérou qui se comptent maintenant par milliers. Nous allons même plus loin, nous souhaitons une intervention militaire américaine pour renverser Maduro et sa clique d’affameurs. Tous les discours de Nicolás Maduro visant à vaincre par exemple « la guerre économique de l’impérialisme », ne sont que des discours mensongers et de la propagande la plus abjecte.
L’hyperinflation au Venezuela, a atteint l’année dernière 1000000%, selon le FMI. Il n’y a pas de cas dans l’histoire économique d’un tel taux et le processus dévore le peuple et les petites gens. Tous les modèles productifs du chavisme ont échoué et pas à cause des banques ou des « Américains ». Le PIB a chuté de 50% en cinq ans. Pendant la Grande Dépression, les États-Unis l’ont fait de 28,9% entre 1928 et 1933. L’exode des Vénézuéliens à l’étranger fuyant la faim et la misère est l’un des plus grands déplacements forcés de personnes dans l’histoire de la région. Le Venezuela n’a pas connu une seule année d’inflation à un chiffre depuis 1984. Au cours du mandat de Hugo Chávez (1999-2013), le déficit n’a jamais été inférieur à 10% du PIB. Le modèle pouvait flotter avec le baril à 100 dollars, mais il était conçu pour être naufragé par des déchets, des contrôles de prix et de change et des expropriations systématiques, qui ont pulvérisé tout investissement.
Avec un humour involontaire, Maduro et ses thuriféraires déclarent poutant encore et sans vergogne que le chavisme est « un exemple pour le monde ». Quel exemple ? L’exemple de la misère organisée pour l’enrichissement éhonté de la clique militarisée au pouvoir.
En 1998, la production de pétrole était d’environ 3,5 millions de barils par jour (mbd). Aujourd’hui, ils représentent 1,36 mbd, leur plus petit volume depuis 1947. Un général sans expérience dans le secteur est aujourd’hui ministre du Pétrole et directeur général de PDVSA. C’est l’armée dite « populaire » qui s’engraisse, une bande de voyous rouges qui planque néanmoins ses devises à Panama ou aux États-Unis.
Hélas, le régime tient et cela fait trop longtemps que ce pays évolue entre la perplexité et le manque de sorties politiques avec ses dirigeants persécutés, exilés, emprisonnés et, dans quelques cas, froidement abattus.
Maduro ne croit plus que dans l’argent qu’il accumule avec toute la nomenklatura. Il ne lui importe pas qu’on grignote ce qu’on peut dans des poubelles vides, que dans les prisons, des détenus meurent de faim. Alors, que les services de renseignement de Cuba, de Russie et maintenant de Chine contrôlent les Vénézuéliens montrent qu’une stratégie pour empêcher le changement de régime et subjuguer le reste par la répression peut encore se maintenir et que des intellectuels français engagés défendent cette dictature au nom de je ne sais quel eurasisme ou anti-américanisme primaire demeure inadmissible.
Le Venezuela, ce pays cher au cœur de Mélenchon et des Soraliens est dans le marasme le plus total. Contrairement aux années Chavez, où les émigrants étaient plutôt des chefs d’entreprise, des dizaines de milliers de Vénézuélien, pauvres et de classe moyenne, émigrent tous les jours en Colombie, au Brésil, au Pérou et dans d’autres pays sud-américains. Près de 2,5 millions de citoyens vivraient hors du pays, dont 1,3 million depuis 2016.
Le Venezuela a faim ah, mais qu’il est beau le bolivarisme vu de Paris sans les produits de base à Caracas ! En fait, le chavisme est écologique : c’est la décroissance de force mais sans pain ! Le gouvernement de Maduro avait décidé, il y a quelques mois l’expropriation de tous les entrepôts contenant de la nourriture, du carburant ou des médicaments situés dans les États d’Aragua, de Zulia et de Tachira. Selon le gouvernement chaviste, cette mesure était rendue nécessaire pour empêcher les « bourgeois criminels » d’accumuler ces denrées pour les revendre ensuite en contrebande en Colombie ! Il n’y a plus à Caracas de papier toilette, de lait, de beurre, de dentifrice, de savon, et d’huile. Le 20 août dernier, Maduro avait aussi annoncé la mise en place d’un système obligatoire basé sur les empreintes digitales dans tous les supermarchés, une sorte de reconnaissance « faciale » pour disette organisée, un système plus moderne, plus tech en quelque sorte de tickets de rationnement. Malgré l’immense richesse pétrolière – le pays dispose de 200 ans de réserves de pétrole – l’économie vénézuélienne est anéantie. Le pays est en faillite. C’était pourtant encore le modèle de Mélenchon et de certains de nos camarades. Oui, il faut tirer, abattre sans aucune pitié le chavisme et nous ne faisons pas ici le jeu des libéraux ou des Américains. Nous ne cédons tout simplement ni aux uns ni aux autres. Nous n’aimons tout simplement pas les bonimenteurs fussent-ils russes ou chinois et encore moins les altermondialistes populistes.
Nous avions écrit ici sur le défunt Métamag que seuls, les militaires pourraient changer aujourd’hui le Venezuela, nous l’avions quelque peu espéré. Il faut avouer que nous nous sommes trompés. Les forces armées ne sont plus aujourd’hui que les suppôts sinistres mais plein aux as du régime. L’histoire récente du vingtième siècle nous enseigne ainsi que le marxisme, le communisme, le castrisme, le socialisme ne quittent finalement jamais le pouvoir par le délitement de leur armée révolutionnaire. Le Venezuela n’y coupant pas, on pourra s’attendre à des bains de sang lors de l’ultime fin du régime. Il faut donc qu’elle soit appuyée extérieurement par les États-Unis de Trump puis pris en charge par l’OEA, les États latino-américains, (conférence de Lima). Il ne faut pas oublier que Maduro a bafoué toutes les décisions prises en décembre 2017 à la Conférence de Saint-Domingue entre lui et l’opposition. Dans les faits, les députés ont été privés de leurs pouvoirs par la mise en place, le 1er août 2017, de l’Assemblée constituante (le modèle préféré des bolchos), installée par le régime à l’issue d’un référendum à la légitimité contestée et qui a donné à Maduro des pouvoirs supra constitutionnels et illimités, et de ce fait, dictatoriaux. Plus personne au Venezuela sauf les voyous du régime et les autres d’ailleurs n’approuvent la gestion de Nicolás Maduro.
En France, si le chavisme se porte plutôt bien, à l’extrême-droite comme à gauche, c’est qu’il est pour eux un drôle de modèle : en économie, la crypto-monnaie et le petro qui font rêver les souverainistes ou les anarchistes de droite et pour la vieille gauche progressiste, la culture révolutionnaire et populiste qui bande sur les posters du Che ou écoute en boucle les longs discours de Chavez, en rêvant de voir au pouvoir un Lider Maximo. Qu’importe que là-bas, on vende tout de même en sous-main son pétrole aux États-Unis ou qu’on proclame sur fond de salsa le socialisme du XXIe siècle en prostituant ses gamines ou en se nourrissant dans les poubelles, le petit peuple venezuelien lui, est bien au fond du puits.